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4,13

sur 3311 notes
« Je pense que c'est une erreur d'essayer d'écrire pour la postérité. J'écris pour que des gens puissent lire mes livres avec plaisir, qu'ils aient envie d'attraper un de mes romans et qu'ils passent un bon moment sans avoir à lutter. » Michael McDowell

Oui, oui et oui ! Après avoir lu les six tomes de Blackwater, l'heure du bilan a sonné. Et s'il y a un seul mot pour désigner cette lecture au long cours, feuilletonnée d'avril à juin, c'est PLAISIR !

Michael McDowell a un talent fou pour faire traverser le temps à la famille Caskey, les faisant évoluer avec une aisance narrative remarquable de 1919 à 1969 : un demi-siècle de querelles de pouvoir, d'alliances, d'amour, de mariages, de naissances et de morts plus ou plus naturelles, avec en toile de fond la Grande dépression des années 1930 ou la Seconde guerre mondiale.

Pas facile de conclure une saga aussi prenante. J'ai particulièrement aimé ce dernier opus. Déjà parce qu'il laisse une laisse au lecteur sa part d'imagination en ne révélant pas tous les secrets des origines d'Elinor. Certains lecteurs en seront sans doute frustrés. Pour ma part, j'estime avoir eu la dose de révélations suffisantes pour comprendre la nature d'Elinor et lever le voile sur certaines de ses motivations.

Ce sixième tome offre un pertinent recul sur l'ensemble. La maestria de la construction apparaît plus que jamais. du premier tome où tout commence avec un déluge et l'apparition de la mystérieuse Elinor, au dernier sous une pluie non stop, le climax aquatique aura baigné le récit avec la rivière Perdido en majesté. Troublant le réalisme de surface qui en devient inquiétant, le recours au fantastique / horrifique est remarquablement dosé, jamais gratuit, toujours dans l'accompagnement des bouleversements émotionnels de la famille Caskey. Quant aux fantômes du passé, ils reviennent littéralement hanter et assiéger ceux qui restent ; leurs incursions dans le monde des vivants sont très réussis.

Et derrière le pur divertissement, se cache un récit plus profond qu'il le laisse paraître de prime abord, surtout si on songe qu'il a été publié initialement aux Etats-Unis en 1983. D' abord, il y a la vision de la famille, ici les Caskey, étonnante dans sa plasticité, les enfants étant rarement élevés par les parents mais « donnés » à d'autres membres de la famille qui les modèlent ou leur offrent un autre voie de vie.

Mais ce que je retiens le plus, c'est un surprenant éco-féminisme mettant en symbiose la puissance des femmes avec la puissance de la nature. Personne ne peut les arrêter, aussi bien la rivière qui reprend ses droits que ces incroyables femmes Caskey qui assument leur choix et s'affranchissent des codes en imposant leur matriarcat, leur compétence professionnelle, leur charisme ou même leur homosexualité sans que les hommes de la famille ne refusent leur soumission ou n'en souffrent.

Bref, les 1500 pages de la série Blackwater se sont bues toute seules et lorsqu'on finit de poser les yeux sur la dernière phrase, et bien, c'est avec tristesse et en se disant qu'heureux sont les lecteurs vierges qui vont découvrir cette saga incroyablement prenante, addictive et animée d'un puissant souffle romanesque.

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Attention risque de spoil !!

Alors pour être tout à fait honnête je ne sors pas tout a fait satisfaite de ce dernier tome.

J'ai adoré la série, les 6 tomes se lisent tout seul. les 6 couvertures sont juste magiques. Je me suis dans l'ensemble régalée.
Mais j'avais besoin de réponses que je n'ai pas eu. Qu'était réellement cette créature ? pourquoi certains enfants sont humains. d'autres non ? Pourquoi les fantômes ? Pourquoi Elinor pouvait prévoir des choses etc... bref je n'ai pas eu de réponses.

Si cette série met en avant des femmes avec fort caractère, j'ai aussi pu constater que les hommes étaient passifs à l'excès. J'ai été dépitée de voir un mari veuf retrouver sa femme, présumée décédée, transformée en monstre et ne se poser, ni ne lui poser aucune question.
Cette passivité m'interroge, et je n'arrive pas à comprendre cette possibilité. Car pour moi, toute personne normalement constituée se doit de s'interroger sur les étrangetés qui se déroulent sous ses yeux.

Après j'ai aimé le côté fantastique, l'atmosphère dégagée par cette histoire, les personnages féminins très travaillés.
Après je ne doute pas une seconde que l'auteur a utilisé beaucoup d'images pour véhiculer des idées.. tel que le monstre n'est pas toujours celui auquel on croit, l'esclavagisme, la place des femmes au début du XXeme siècle, et ainsi de suite. Je ne vais pas tout détailler car je pense que cette série est beaucoup plus profonde que ce qu'elle laisse paraître.

Alors dommage que mon esprit sans doute trop cartésien n'est pas obtenu tout ce dont il avait besoin pour être pleinement satisfait.
Il fallait quand même aussi que je dise que je suis admirative de l'auteur parce qu'au final il nous raconte l'histoire d'une famille ou il ne se passe pas grand chose, des petits trucs par ci, par là quand même, mais Il arrive a tenir le lecteur en haleine jusqu'à bout. il maintient le suspens, la curiosité du lecteur sans pour autant y mettre beaucoup d'action.


Alors même si je n'ai pas eu un final en apothéose, j'ai quand même beaucoup apprécié cette série. Aucun regret bien au contraire . Je suis malgré tout passé a deux doigts du coup de coeur.
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Je referme le sixième et dernier tome de la saga Blackwater qui est venue illuminer mon printemps. Quel bonheur ce fut d'attendre, tous les quinze jours, la suite de cette saga à nulle autre pareille et c'est avec une vraie nostalgie que je termine ma lecture.

Je me souviendrai de cette attente presque enfantine du prochain tome, de ces poignées d'heures suffisantes pour engloutir le graal tant attendu et l'attente du prochain.
Pour parler grossièrement de l'intrigue, le lecteur suivra le clan Caskey durant plusieurs générations. Intrigues à gogo, mystères poisseux et odeurs de poiscailles sont au menu. Entre un Stephen King qui aurait bu la tasse et un David Lynch du peuple, l'auteur m'a emporté avec lui dans les profondeurs de ses rivières.

De livres en livres, de fil en anguilles, au gré des courants de ces eaux tumultueuses, je me suis passionné pour cette famille, pour cette communauté à nulle autre pareille.

Peu à peu, on plonge tête la première dans cette ambiance teintée de fantastique, de vengeance et de mystère. de tome en tome, on s'attache, on déteste, on s'étonne, on attend. A Perdido, les femmes mènent définitivement la danse et derrière une histoire follement romanesque, foncièrement populaire, Michael McDowell glisse brillamment ce en quoi il croit.

Coup de coeur pour ce roman dans sa belle intégralité, pas moins de 1500 pages, et ce jusqu'au final. Coup de coeur pour ces éditions sublimes. Coup de coeur pour ce concept du roman à épisodes, coup de maître marketing qui réunit tant de lecteurs aux profils différents.
Définitivement une lecture marquante de cette année 2022.

Que vais-je lire après ça …

Me voilà bel et bien le bec dans l'eau et comme au fond du seau …

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Une fin crépusculaire. le reflet, en plus sombre, des deux cents premières pages où l'étrangeté et le fantastique se mélangeaient à la flamboyance de la jeunesse, à l'amour, aux destins à construire.
Dans le dernier tome, la roue de la vie a fini de tourner pour nos héros. Épuisés par tant de drames, de combats et d'espoirs perdus, ils s'évanouissent à travers l'épais rideau de pluie qui soudainement tombe sur Perdido.
Un lent et étrange récit. On s'y s'ennuie parfois, on somnole presque, jusqu'à ce que le fantastique, l'innommable, surgissent comme un diable de sa boîte sur un détail anodin. Dès lors, je vous assure qu'on reprend vite ses esprits. On est secoué. du grand art.
Frances et Miriam, les filles d'Élinor, reprennent le flambeau. Chacune hérite de l'une des deux personnalités, si différentes, de leur mère.
Côté lumière, Miriam, la cheffe de famille, la redoutable femme d'affaire, la croqueuse de diamants… Côté sombre, Frances, son attirance pour les eaux boueuses de Perdido et son retour définitif à ses énigmatiques origines.
Zaddie et Billy, les deux derniers fidèles amis d'Élinore, clôturent cette histoire avec une immense fatigue et une grande tristesse.
Negrita et Lilah, les deux filles de Frances, commencent à montrer le bout de leur nez. Elles sont aussi dissemblables que peuvent l'être leur mère et Miriam. Avec ces deux personnages, Michael McDowell avait de la matière pour continuer la saga des Caskey. Il en a décidé autrement. À nous, ne serait-ce que pour lui rendre hommage, de poursuivre l'aventure, d'imaginer la suite…
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Voilà, c'est fini. Six tomes de Blackwater , lus, comme on avale des bonbons multicolores à la file, ( le format de 250 pages s'y prête et les couvertures sont de vraies gourmandises ), presque toutes mes soirées occupées.
Il est temps de faire le bilan.
Et la première chose qui me frappe (et me frustre !) , c'est que je vais rester avec mes questions.. L'auteur préférant botter en touche concernant le secret des créatures fantastiques. Comment vivent-elles ? Sont -elles nombreuses ? Comment Elinor a fait pour comprendre et maitriser son état , alors que d'après ce qu'on sait sa mère était humaine ? Pourquoi ce qu'à réussi , à faire Elinor, sa fille Frances est incapable de le faire (rester sur la terre )? Pourquoi, sa fille Nerita ne peut-elle pas rester sur terre ? Etc, Etc...


La famille Caskey est bizarre et ne tire pas les leçons des erreurs de leurs ainés. Les enfants sont des "objets" qu'on échange pour asseoir sa domination ou rompre sa solitude. et si les parents se plaignent aux oncles ou tantes ou grand-mère "kidnappeurs", , ils n'ont que ce qu'ils méritent. Tout ceci est très curieux

Chez les Caskey, l'argent coule désormais à flot, plus qu'ils n'en ont besoin, mais sont-ils plus heureux pour autant ?
Seuls deux rejetons Caskey ont choisi de tourner le dos à leur famille, et seul le garçon a une vie équilibrée en Allemagne, l'autre est sous l'eau, (heureuse, mais sous l'eau ) tourbillonante de la Blackwater. Pour les autres, ils ont dû tous s'adapter, à de nouvelles situations familiales.

Qu'est ce qui ressort de cette fin ? Qu'a voulu dire l'auteur ? Ayant lu ce qu'il essayait de faire passer comme message, on comprend que pour lui , toutes les familles sont immensément névrosées, cadre de souffrances, ou d'emprisonnement.
Et on comprend aussi qu'il a voulu parler de lui, faire avancer "sa" cause, ( homosexuel, il mourra du sida en 1999). Cette maladie ayant été "découverte" en 1981, (Blackwater paraitra en 1983) on peut penser que la façon dont les créatures font mourir , leurs victimes (toutes masculines) a à voir avec cette affreuse maladie...
Un oncle et trois des enfants Caskey sont homosexuels.
D'autres n'ont pas de sexualité. Les hommes sont complétement dominés par les femmes de la famille, deux ont oublié le sens même des mots "vie amoureuse"...
Alors, oui, l'argent coule à flot, l'amour un peu moins, mais il n'y a pas que l'eau qui tourbillonne dans ces pages, les névroses, les manipulations aussi.

Une série fascinante, qui ne ressemble à aucune autre et qui garde son côté mystèrieux, noir, vénéneux, hypnotique, tout du long.


Que me restera-t-il de cette série ? Une ambiance, des images. Des images très fortes, et une histoire qui ne ressemble à aucune autre que j'ai pu lire. Très originale.
Une saga familiale historique, le sud des USA, des superstitions, et deux ou trois créatures fantastiques. Une ambiance mystérieuse, très mystérieuse.
Et une fin qui rend hommage au début. La boucle est bouclée. L'eau se répand sur Perdido emportant avec elle, tous les secrets...
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Et voilà que je viens de terminer le dernier tome de cette saga familiale. Et même si j'ai passé d'agréables moments à la lire, je dois dire que je ne suis pas mécontente de l'avoir terminée.

"Pluie", c'est le titre de ce sixième tome, et qui donne un avant-goût à ce qui est sur le point de se passer. Il faudra pourtant attendre les cinquante dernières pages pour que cette fameuse pluie ose enfin se déverser sur Perdido. Avant cela, nous assisterons au déclin du clan Caskey. Non pas qu'il perde de l'argent, mais plutôt chacun de ses membres un à un, le clan se faisant de plus en plus restreint. Et au fur et à mesure que les têtes tombent, les fantômes du passé ressurgissent...

Ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Je m'étais préparé à un final un peu plus époustouflant. Au lieu de ça, on suit tranquillement le sort qui est réservé à chaque membre de la famille. Il ne se passe pas grand chose, j'étais habituée à un peu plus d'intrigues, un peu plus de rebondissements. Il faut vraiment atteindre les cinquante dernières pages pour qu'il se passe enfin quelque chose. Je dois avouer être un poil déçue.

Je me pose encore certaines questions, auxquelles je n'ai pas de réponses. L'épisode dans les marais par exemple, avec Tommy Lee et le trio de femmes, n'a pas beaucoup de sens et je n'ai pas vraiment compris les raisons qui ont amené ces trois dernières vers Tommy Lee. C'est bien dommage car c'est à partir de cet événement déclencheur que la lecture est devenue beaucoup plus intéressante.

Le dénouement est sans surprise, Elinor nous ayant prévenu dans un des tomes précédents comment tout cela se terminerait.

Dans l'ensemble, j'ai trouvé cette saga familiale plutôt sympathique. Chaque tome se lit vite, un peu trop à mon goût d'ailleurs. Tout se déroule bien trop rapidement, les personnages sont à peine creusés et le contexte peu implanté dans L Histoire. Mais il me faut reconnaître avoir tout de même passé de bons moments. Les petites comme les grandes histoires au sein de la famille pimentent le récit, au même titre que l'aspect fantastique. Les rivalités entre femmes, la construction de la digue, les disparitions étranges, les "vols" d'enfants au sein même de la famille, les différentes unions et désunions, etc, maintiennent le rythme de lecture. C'est dynamique, il y a des rebondissements, et l'histoire sait prendre de nouvelles tournures aux bons moments. Sans être transcendante, cette saga n'en est pas moins agréable. Mais je suis quand même contente qu'il n'y ait pas plus de tomes et de m'arrêter là.
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Voilà, c'est fini, comme dirait Jean-Louis (Aubert), et le retour sur ce dernier volume est certainement le plus difficile, d'une part parce que je suis un peu triste de quitter la famille Caskey avec laquelle j'ai partagé tant de bons moments depuis le printemps ; et d'autre part parce que je n'ai pas envie de trop en dire, pour ne pas gâcher la découverte aux lecteurs qui sont encore en cours de série, ainsi qu'à ceux qui ne l'ont pas encore débutée mais en meurent d'envie ! Et je sais qu'ils sont nombreux.
J'ai donc choisi de livrer plutôt mon ressenti global, et de ne pas m'appesantir trop longuement sur les détails de la fin de cette saga.
Comme je l'ai déjà dit quelque part, je n'aurais peut-être pas jeté mon dévolu sur Blackwater sans l'offre de MC privilégiée qui m'avait été faite sur les deux premiers volumes. Et je serais passée à côté d'une belle aventure familiale, où les éléments, et principalement l'eau de la rivière Perdido jouent un rôle essentiel. D'ailleurs à ce propos, je me suis interrogée à maintes reprises sur le titre de la série : la rivière Blackwater existe elle aussi dans l'histoire, mais la star, c'est bien la Perdido ! Ou peut-être faut-il le prendre au second degré, parce que les eaux de la Perdido cachent de bien noirs secrets ?
Cette saga se déroule sur cinq décennies de 1929 à 1969, des années qui ont vu le monde se transformer, passant par des crises financières et économiques, une guerre mondiale, suivie d'une période de prospérité et de mutation de la société. Ces événements sont bien sûr présents en toile de fond, mais on ne s'éloigne guère du microcosme de la petite ville où règnent les femmes Caskey. Je précise "les femmes", car à dans l'ensemble les hommes qui les épousent ou gravitent autour d'elles ne sont guère plus que des satellites, plus ou moins utiles et appréciés. Mais ils semblent satisfaits de leur sort, à l'image d'Oscar, le mari d'Elinor qui grâce aux conseils avisés de celle-ci a fait prospérer les affaires de la famille et de la ville par conséquent. Ou Billy aussi, le mari de Frances, qui a l'origine voulait "épouser la famille Caskey", et y a fort bien trouvé sa place malgré une union interrompue prématurément.
La dynastie Caskey ce sont avant tout des figures féminines fortes et puissantes, dont Mary-Love, la matriarche du début de la saga est l'emblème. Puis ce sera Elinor, surgie miraculeusement lors d'une crue dévastatrice au début de l'histoire, qui va s'imposer comme la leader, non par la force, mais par la persuasion et l'intelligence. C'est elle le véritable pivot du récit, et c'est par elle et par une partie de sa descendance que la dimension fantastique va prendre une place de plus en plus importante au fil des tomes. Mais d'autres femmes comme Miriam, Lucille ou Grace, ou encore Queenie, Sister, les domestiques Zaddie et Ivey occupent également des positions clés à certains moments.
Blackwater ne raconte pas simplement l'histoire d'une famille riche dans une petite ville de l'Alabama, c'est toute une chronique de société qui parle de mixité sociale, de ségrégation raciale (on est assez progressiste ici par rapport au contexte américain), de tolérance à l'égard des inclinations sexuelles, de handicap aussi dans un des volumes. J'ai été assez étonnée de constater que le couple formé par Lucille et Grace soit aussi facilement accepté (la question ne se pose même pas), mais aussi un peu choquée que les tendances pédophiles d'un autre personnage ne suscitent pas de réactions. Mais le roman datant du début des années 80, ces dérives n'étaient pas pointées du doigt comme de nos jours.

Pour revenir sur la composante fantastique, elle est assez longue à se mettre en place, les premiers tomes sont parsemés de petites touches qui aguichent ou agacent le lecteur impatient d'en savoir plus sur cette histoire qui lie Elinor et d'autres membres de sa famille à la rivière. mais il faut attendre le tome 5 pour obtenir certaines réponses, et le dernier nous laisse un peu sur notre faim, laissant notre imagination finir le travail. Souvent cela me gêne, ou me frustre, quand un auteur me laisse ainsi dans le flou. Ici je n'ai pas trop ressenti de manque, mais par la suite, en repensant à ma lecture, je me suis questionnée sur le sort de certains personnages, aussi bien ceux liés à la rivière que d'autres qui sont simplement partis vivre ailleurs et dont on n'a plus de nouvelles. Ma note globale de quatre étoiles au lieu de cinq est due à ces petits "oublis" que je pense volontaires mais qui auraient pus être comblés avec une centaine de pages supplémentaires. Est-ce un choix éditorial, puisqu'il s'agit d'un feuilleton avec un découpage précis (250 pages par épisode) ? Ou l'auteur n'a-t-il pas eu envie de fournir toutes les clés ? Question qui restera également sans réponse !
Mais ce petit bémol n'enlève pas grand-chose au plaisir que j'ai ressenti tout au long de ma lecture, lecture que j'ai volontairement fait traîner pour la savourer plus longtemps. Maintenant je vais prêter la série à ma fille dès que j'en aurai l'occasion, et peut-être que d'ici une dizaine d'années elle me la rendra, et je me replongerai avec joie dans les eaux de Blackwater.

Je crois en avoir suffisamment dit pour susciter l'envie de nouveaux lecteurs, du moins j'espère ! Et comme je n'aime pas écrire de billets trop longs, je conclurai en disant simplement merci à Babelio de m'avoir donné l'occasion d'une belle découverte, et à la maison Toussaint Louverture d'avoir réédité cette saga de façon aussi magnifique !
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Sniff, voilà, c'est déjà fini, plus de rendez-vous tant attendu avec Michael McDowell… Pourtant, j'y avais pris gout. Mais non, rien à faire, je n'aurais plus de nouvelles de l'étrange et attachante famille Caskey.
Dans ce dernier tome, les anciens tirent leur révérence les uns après les autres, laissant peu à peu la place aux nouvelles générations.
Quelques morts atroces, les ingrédients de la formule bien rôdée continuent à faire mouche, les sirènes Frances, Nerita et Elinor font des leurs et s'avèrent de moins en moins discrètes, les femmes plus que jamais règnent en maître, s'imposent, dictent les règles du jeu, de plus en plus au grand jour.
Pour mémoire, l'auteur a écrit cette série en 1983, il fait entrer en résonnance son récit avec la prise de pouvoir des femmes dans les entreprises dans les années 80, sur la base du cliché de la business woman, qui affiche sa sexualité épanouie et se libère du pouvoir des hommes.
La fin se termine en une réjouissante ellipse, avec une barque qui flotte sur les eaux de la Perdido à nouveau en crue, avec deux silhouettes à bord, qui ne sont évidemment plus celles d'Oscar et de Bray. Mais pour avoir le fin mot de l'histoire, il vous faudra avoir le plaisir de lire ce dernier tome, petits veinards ! Bye bye les Caskey, je vous quitte à regret …
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Mon aventure avec la saga Blackwater aura été un peu comme les montagnes russes. Des hauts et des bas, un amour haine étrange qui ne s'est pas conclu sur une note positive malheureusement. Mais avec le recul, je suis tout de même contente d'avoir pu découvrir le clan Caskey malgré les zones d'ombre qui persistent avec La pluie.

Après un début un peu difficile, j'avais fini avec La guerre et La fortune par aimer la famille régnant en maître sur Perdido et j'avais hâte de voir comment Michael McDowell allait conclure sa saga familiale. Je ne m'attendais à rien en particulier même si j'avoue que vu la tournure des deux précédents tomes, je voyais plutôt une continuité de l'ascension des Caskey et une fin plus ou moins ouverte sur le futur de cette famille qui ne laisse personne indifférent. J'ai assez vite déchanté malheureusement.

Je me doutais bien, surtout vu la couverture et le titre, que la conclusion de Blackwater allait d'une certaine façon terminer comme elle avait commencé. Mais je ne m'attendais pas à autant de négativité dans le récit. C'est ce qui lors des trois premiers tomes m'avait fait grincer des dents, et clairement, je ne m'attendais pas à une sorte de retour en arrière. Les différentes morts qui se produisent ont un goût amer à plusieurs niveaux. La première était tellement évidente, la victime sachant même comment prévenir cet événement mais n'a rien fait… La deuxième est d'un égoïsme pur. La troisième conclut la saga sans laisser de surprise. Pas très « glorieux », même si le terme n'est pas forcément le mieux, mais j'ai eu l'impression une nouvelle fois que l'auteur n'aimait pas ses personnages. Qu'ils n'avaient aucune grâce à ses yeux, ne daignant même pas leur accorder ce dernier hommage.

Nous voyons aussi combien la famille s'étiole. Elle perd de sa superbe au fur et à mesure, malgré une richesse toujours aussi impressionnante. Et on finit par se dire : à quoi bon ? le futur même de cette famille semble vouer à l'extinction. Grace n'aura pas d'autres enfants, Tommy Lee n'étant d'ailleurs même pas un Caskey. Miriam semble stérile et Lilah, plus imbuvable, hautaine, capricieuse que jamais ne veut pas d'enfant (et clairement, on se dit tant mieux !!). Pas de futur donc, une ascension qui donne l'impression d'aller droit au mur. Aucune rédemption aussi, ou du moins, il n'y a pas ce sentiment qui transparait à travers les pages. Et pour conclure une saga, j'avoue que c'est étrange et déplaisant.

La partie fantastique est beaucoup plus présente, mais là encore, j'ai trouvé qu'elle servait plus à élaguer les personnages devenus inutiles à l'auteur. Nous n'avons aucune vraie explication. L'armoire étrange, les apparitions, les fantômes, Elinor même et son espèce. le retour d'un personnage m'a d'ailleurs laissé de marbre aussi. Je ne sais pas si l'auteur voulait donner une « seconde chance » à ce dernier ou bien nous faire ressentir un peu d'attachement, mais pour moi, ça a été tout le contraire.

Non franchement, les événements se sont succédés et j'ai retrouvé cette ambiance malaisante et négative qui donne l'impression d'être dans un univers poisseux. Je m'attendais à une conclusion, pas forcément joyeuse, mais plus « neutre ». C'est dommage de finir avec une telle note car j'avais fini par apprécier les Caskey… Il restera que la sublime collection de la maison d'édition restera fièrement dans ma bibliothèque.
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Me voilà, à mon tour, au terme de la série-fleuve phénomène de Blackwater ! Une lecture addictive : l'auteur a piqué mon intérêt dès les premières pages avec la mystérieuse Elinor. Fascinant de la voir s'immiscer chez les Caskey, de tenir le bras de fer contre Mary-Love, de manigancer pour enrichir le clan qu'elle a rejoint. Évidemment, on se passionne pour le feuilleton de cette famille, ses naissances, ses alliances mouvantes et ses morts (plus ou moins naturelles). le temps long déployé au fil des volumes éclaire comment peuvent se transmettre d'une génération à l'autre les combats, les coutumes bizarres, les blessures, les atavismes ou les identités. Tout cela n'empêche pas une question de nous tarauder et de nous faire tourner les pages : mais que mijote Elinor ?

Son intérêt pour les affaires et sa détermination à triompher de tout obstacle donnent à penser qu'elle est mue par l'appât du gain. Mais ses manoeuvres semblent finalement profiter au clan plutôt qu'à elle-même. Son opposition au projet de digue et à Mary-Love, incarnation du pouvoir et de l'argent, pourrait suggérer qu'elle est en réalité une sorte d'esprit vengeur de la nature, déterminé à exiger le prix de ce que les humains lui arrachent. Cette hypothèse ne tient plus vraiment à partir du moment où Elinor organise l'exploitation du pétrole sur les terres familiales. Serait-elle finalement un être hybride qui a délibérément choisi d'abandonner sa bestialité pour embrasser le monde des humains ? Ces interrogations, attisées par des révélations distillées au compte-goutte, font doucement monter la tension, telle une masse d'eau accumulée contre une digue.

Michael McDowell prend le parti de ne pas tout dire mais ce qu'il suggère m'a prise de court et laissée un peu estomaquée. Je n'en dirai pas beaucoup plus sur ce dernier tome pour vous laisser le plaisir de découvrir ce que charrie son torrent d'eau. Comme le titre l'augure, il y pleut beaucoup. Les averses bruissent de voix, de pas, de chuchotements et de terrifiantes apparitions. Elinor et son clan sont sur le déclin ; certains fantômes semblent avoir perçu leur affaiblissement et reviennent chercher leur part de chair, tandis qu'une odeur de boue imprègne la maison…

Au moment de refermer le livre, on ne peut s'empêcher d'admirer l'enchevêtrement d'intrigues de Blackwater sur cinquante ans (de la Grande dépression aux Trente Glorieuses), ses descriptions minutieuses et son atmosphère singulière. J'ai aimé aussi la façon dont, tout en arborant des airs de lecture légère, la saga pulvérise nombre de normes avec cette famille qui détonne, prenant la morale traditionnelle à contre-pied, complotant, distribuant les enfants d'un foyer à l'autre, luttant contre les corps étrangers, franchissant des frontières parfois monstrueuses. Et en même temps, McDowell donne le premier rôle aux femmes et présente l'homosexualité sous un jour favorable.

J'ai trouvé dommage que la série ne soit pas plus subversive sur les questions raciales. Les domestiques noirs sont un rouage indispensable du fonctionnement du clan mais ils restent transparents. On ne connaîtra pas leur perspective : ils restent avant tout indéfectiblement dévoués à leurs maîtres. Je suis aussi restée un peu sur ma faim quant à certaines choses qui m'ont semblé incompréhensibles (pourquoi Sister se met-elle à ressembler à Mary-Love à la fin de sa vie ?), mystérieuses (Elinor contrôle-t-elle les éléments ou en a-t-elle simplement une connaissance intime ?) ou inabouties (qu'adviendra-t-il de Lilah et de Tommy Lee ?).

Cela n'enlève pas grand-chose au plaisir du feuilleton et des frissons ressentis lorsque le texte glisse vers un registre subtilement fantastique, voire horrifique.

Pour conclure, rendons hommage aux éditions Monsieur Toussaint Louverture qui prennent des risques et réinventent sans cesse l'objet livre avec une audace réjouissante. Pour notre bonheur.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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