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Critique de Arimbo


Ce roman, le premier que je lis de cet auteur, en dépit d'une narration fascinante et d'une écriture magnifique, m'a laissé perplexe, je ne sais pas trop quoi en penser, je crois qu'il peut y avoir plusieurs lectures, notamment selon l'âge du lecteur.

Personnellement, j'y ai ressenti, derrière l'écriture impeccable et raffinée, d'abord l'histoire, au minimum du déclassement de celui ou de celle qui vieillit et devient « has been » sans s'en rendre compte, au plus, du spectre de la déchéance et de la mort.
Mais on peut la lire aussi comme la critique féroce des nantis qui, ayant eu la chance de naître dans la période des « Trente Glorieuses », ont piétiné leurs idéaux, et vivent dans l'égocentrisme et l'hubris.

Deux amis, ou qui croient l'être, se retrouvent lors des funérailles de celle dont ils furent tous deux amants, Molly Lane, une femme libre et pleine de vie, mariée à un vieil homme, George Lane, en apparence insignifiant, mais qui se révélera en fait un grand manipulateur. Molly Lane, grande critique gastronomique, a sombré dans la démence sans réaliser son état, et de ce fait, sans avoir pu demander le suicide assisté dont, quand elle était en bonne santé, elle avait le projet dès qu'elle aurait compris qu'elle était condamnée à mourir.

Il y a Clive Linley, un compositeur vieillissant, qui se débat avec la composition du final de sa Symphonie du Millénaire, une oeuvre qui lui a été commandée en prévision du passage à l'an 2000. Un homme peu sympathique, imbu de lui-même, tout imprégné de la valeur de l'ensemble de l'oeuvre qu'il va laisser à la postérité, égocentrique et gagné par l'hubris.

Il y a aussi Vernon Halliday, directeur de la rédaction d'un journal en perte de vitesse, aux rubriques vieillottes, et qui espère le relancer en publiant des photos à scandale.

Ces deux-là ont une bien étrange amitié, qui se mêle d'aversion voire de haine réciproques, et d'une peur commune de la déchéance qui les amène à sceller un terrible pacte. Mais ils ont aussi en commun la détestation d'un autre ancien amant de Molly Lane, John Garmony, un politicien réactionnaire, opposé à l'IVG et partisan de la peine de mort, actuel Ministre des Affaires Étrangères, mais qui se verrait bien Premier Ministre.

Tandis que nous découvrons, quasiment de l'intérieur, et c'est remarquable, l'évolution de la création de l'oeuvre symphonique d'un Clive tantôt inspiré et fiévreux, tantôt abattu et cherchant à se ressourcer dans une randonnée montagnarde (des pages superbes), Vernon reçoit du mari de Molly Lane plusieurs photographies intimes prises par Molly, et compromettantes de John Garmony. Il perçoit tout le profit qu'il peut tirer de leur publication pour relancer les ventes de son journal. Demandant l'avis de son ami Clive, il rencontre une opposition farouche de ce dernier qui lui objecte le respect dû à la mémoire de leur ancienne maîtresse.

La suite du récit est faite de rebondissements inattendus, jusqu'à une fin dans la ville d'Amsterdam, je ne vous dis pas pourquoi, une fin en forme de farce tragique et cruelle, qui illustre toute l'illusion dans laquelle l'un et l'autre vivaient. Mais dont le sens m'est apparu alambiqué, d'ailleurs y en a-t-il un?
Ceci dit, il y a une façon de raconter fascinante, d'une ironie distanciée, féroce, sans équivalent à tout ce que j'ai déjà lu.
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