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Critique de ODP31


ODP31
20 novembre 2023
Le léopard ne change pas ses taches.
Ce n'est pas de l'ODP31 après une insomnie passée en compagnie d'un reportage animalier au milieu de la Savane à attendre le trépas d'un gnou, innocent mais un peu trop lent, ce n'est pas davantage une pub pour de la lessive, mais la citation d'un petit auteur confidentiel inspiré mais expiré, Shakespeare. Il y a pire.
Les deux principales leçons retenues du pavé de 650 pages de Ian McEwan c'est primo, que l'individu ne change pas malgré les épreuves, que les traumas de l'enfance sont plus tenaces qu'un tatouage raté avec le prénom d'une ex, et deuxio, que le destin n'est pas qu'une affaire de volonté. Autant dire que le célèbre auteur britannique ne va pas abandonner la littérature pour se lancer dans une carrière de coach de vie.
Roland Baines, pas dénué de talent mais souffrant d'une grosse carence en combativité, est quitté sans préavis par son épouse après la naissance de leur fils car elle veut consacrer sa vie entière à la littérature. Cette rupture, qui intervient au moment du passage du nuage de Tchernobyl, gentil petit amas de vapeur condensée d'iode et de césium parti faire de la Tyrolienne jusqu'à nos thyroïdes, va faire refluer un destin abimé. Celui d'une enfance en carence d'affection avec un père militaire et autoritaire, une mère en expiation. Celui d'une adolescence abandonnée sans petits cailloux dans un pensionnat austère et d'une innocence abusée par une prof de piano, qui ne jouait pas que du piano debout, mais couchée sur son élève. Tout était écrit.
Ian McEwan vient donc de publier son « homme sans qualité », il fait muMusil avec le destin d'un antihéros qui traverse l'histoire, sa vie et les grands évènements de ce monde comme un chroniqueur désabusé par lui-même. Plus spectateur de sa vie que supporter de ses rêves. Etudes ratées, petits boulots, pianiste de bar, poète de slogans publicitaires, amant quitté, le lecteur a tantôt envie de sortir Roland Baines de ses eaux stagnantes pour l'aider, tantôt le désir de l'y noyer.
Le planté de drapeau se mérite à la dernière page mais j'ai apprécié la construction du roman qui joue avec la chronologie de souvenirs désordonnés.
L'auteur entremêle biographie et fiction puisqu'il partage avec son personnage les mêmes années et lieu de naissance et ses parents lui avaient également caché certaines boutures généalogiques.
Comme Jonathan Coe, Ian McEwan excelle également dans la rencontre de ses personnages avec l'histoire récente. Les passages consacrés à la chute du Mur de Berlin son parmi les plus réussis du livre. La petite histoire dans la grande histoire sans faire trop d'histoires.
Je ne rangerai pas ce titre dans les classiques de Macaniche McEwan car un petit régime minceur aurait pu l'alléger d'une bonne centaine de pages sans nuire à son IMC (Indice à mots couverts) mais « Leçons » fait bien ses devoirs avec des personnages aussi complexes que tordus. Les suivre toute une vie permet de voir comment chacun s'arrange avec sa conscience, quitte à réécrire l'histoire.
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