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Critique de maliroland


Paru en 1990, puis disparu des tablettes, Entre toutes les femmes est réédité en cette année 2022.

Je ne sais pas ce qu'est un livre écrit à l'ancienne, mais je dirai volontiers que c'est le cas pour ce roman. Un parallèle me vient avec ces artisans du temps jadis, ébénistes en particulier, sens du détail, harmonie d'ensemble, qualité du choix des essences, savoir faire, esthétisme inventivité et application.

Irlande. Michael Moran est un ancien combattant de la guerre d'indépendance. le temps a passé, nous sommes donc probablement dans les années quarante et cinquante. Fermier, veuf, père de trois filles et deux garçons ; il règne en patriarche sur son clan qu'il tient en partie à l'écart du monde extérieur.
Un brin caractériel et dictateur à l'occasion, il est souvent à l'origine de tension.
Les filles longent alors les murs et les fils  à défaut de tuer le père pour exister, s'en vont exister ailleurs. Luke part et ne reviendra pas, Michaël moins borné, s'en ira puis reviendra comme si de rien n'était.
Le bon côté des choses, Moran, aime ses enfants, il sera toujours là lorsqu'il le faudra, la famille lui est une valeur essentielle  tout autant que la prière. Il sait aussi reconnaître ses torts et s'excuser lorsqu'il est allé trop loin, bien que cela coûte.

Faut il lui pardonner ses excès et ses valeurs d'un autre temps, il n'y a pas photo et ses enfants, excepté l'aîné aussi borné que le père le feront sans peine et seront là jusqu'à la fin.

Moran se remarie. Beau portrait de Rose.
Rose, image en reflet de Moran, sait pardonner lorsque Moran s'excuse, en se donnant le temps car il s'agit de le faire payer un peu.
Moran vieillit, par petites touches et nous vieillissons avec lui.
Moran meurt. Il ne s'est pas accroché à son pouvoir de patriarche, inutile donc de le détrôner. Les filles sont là, Rose aussi, elles l'entourent avec douleur et tendresse. Michaël comme d'habitude a raté une marche ce qui n'est pas grave, Luke on ne sait pourquoi, n'a pas pris l'escalier.

Entre toutes les femmes, beau livre, personnages attachants, belle écriture, finesse psychologique et sans excès.
Mcgahern, loin du wokisme actuel est dans le respect du passé. Autre temps, autres moeurs. Il ne s'agit pas de juger ce qui paraît aberrant aujourd'hui mais ne l'était pas à l'époque.
Les filles respectueuses du père n'en ont pas moins avancé dans la vie et ont su s'émanciper. Bémol, Sheila, infirmière qui aurait pu et voulu être médecin n'a pas osé s'affirmer face au père, dommage. Et une pensée pour Rose qui a su tout en douceur intégrer cette famille pas si fermée que cela.
Regrets, la mère, oubliée du sérail, et tous ces hommes manquant de consistances alors que les filles ont su hériter de la force du père.

Les phrases de la fin comme j'aime bien les citer.
A propos de Michaël Mark et Sean, un fils et les deux gendres :
Sheila : Non mais, regardez les un peu les hommes ! On dirait plutôt une bande de femmes. Et ce pitre de Michaël, vous avez vu comme il fait rire Sean et Mark ? Pour un peu, on croirait qu'ils reviennent d'un bal.

Commentaire : face à la lourdeur des choses et de leurs responsabilités, les hommes ont parfois tendance à donner dans la légèreté ce qui est salutaire. Entre toutes les femmes, un peu de solidarité masculine, ce n'est pas un luxe par les temps qui courent. Jugement d'aujourd'hui sur aujourd'hui.
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