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Critique de Satyasaibaba


Le prologue du second ouvrage de M.J. McGrath, “Le garçon dans la neige” est une merveille de mise en situation. D'emblée, le décor alaskien est planté (froid, neige, forêt, chiens et traineau) et l'adrénaline au rendez-vous. de même que l'envie, très forte, d'en savoir plus.
Cependant, comme au réveil après un cauchemar, la tension retombe. Les pages qui suivent sont un retour au calme, à la normalité. Quoique…
On y fait alors la connaissance d'Edie Kiglatuk, petit bout de femme à l'esprit bien trempé d'origine inuit. Venant d'Ellesmere, ces terres de banquise et de toundra du grand nord canadien, elle a rejoint l'état le plus septentrional des Etats-Unis pour prêter main forte à son ex-compagnon, Sammy Inukpuk, engagé dans la plus célèbre et la plus difficile course de traineau : l'Iditarod. Son rôle est d'assurer l'intendance, tandis que leur ami commun, le brigardier Derek Palliser, est chargé des communications avec Sammy. Edie est à Anchorage, la ville la plus peuplée d'Alaska où le départ de l'Iditarod a été donné. Derek est à Nome, à l'extrême pointe ouest de l'Alaska, la ville d'arrivée. S'il devait arriver quelque chose à Sammy ou à ses chiens, ils pourraient intervenir et le rejoindre au plus vite dans l'un des points de contrôle de la course.
Pour tuer le temps, Edie se promène en motoneige dans la forêt entourant Anchorage. Elle y aperçoit, un ours esprit qui ne la quitte pas des yeux. de culture inuit, elle sait que sa présence n'est pas fortuite et que l'ours est là pour lui faire passer un message. L'intuition pousse Edie à laisser là son véhicule et à suivre l'animal. À sa suite, elle s'enfonce dans la forêt jusqu'à se perdre. Un couple – peu sympathique – sur une motoneige lui indique comment rejoindre la route, et son propre véhicule. C'est alors qu'elle aperçoit au pied d'un arbre une maisonnette en bois, semblable à une niche pour chien. En ouvrant la petite porte de la façade, elle aperçoit un paquet à l'intérieur : bien emballé dans des tissus, elle y découvre le cadavre d'un petit garçon de quelques mois, couché sur le ventre, congelé et marqué d'une croix compliquée.

La tournure que prend l'enquête et la rapidité avec laquelle l'homme rencontré par Edie avant sa macabre découverte est accusé du meurtre de l'enfant, mettent Edie mal à l'aise. D'autant que peu après, alors que l'homme est sous les verrous, un autre cadavre d'enfant est découvert. Edie cherche des explications, part à la rencontre de la mère du bébé congelé, de ses grands-parents et de fil en aiguille s'aventure, en compagnie de Derek appelé à la rescousse, dans des zones d'ombres bien glauques où il est question de secte satanique, de promoteur immobilier véreux, de policiers douteux, de traite d'êtres humains, de prostitution, de trafic d'enfants, le tout sur fond de haines encore bien présentes entre russes et américains et de campagne en vue de l'élection du futur gouverneur de l'Alaska.

Je n'ai pas un bagage littéraire “policier” suffisant que pour juger de l'efficacité de ce récit. À aucun moment, je ne me suis ennuyée, mais à part dans le prologue, je ne me suis pas non plus sentie totalement happée avec une irrépressible envie de lire toujours plus vite pour coller à la la marche de l'enquête qui, parfois m'a semblée laborieuse dans sa construction. Je pense par contre que l'intérêt du “Garçon dans la neige” est ailleurs : dans l'immensité froide et verglacée de l'Alaska, dans la peau tannée de ses habitants, dans les maisons des esprits qui peuplent le petit cimetière, dans le bruit de la neige gelée qui craque sous les pas, dans les bourrasques de neige qui fouettent les visage, dans la viande de caribou qu'Edie avale au petit déjeuner, dans les chaudes parkas doublées de fourure qu'il faut mettre pour sortir, dans la lumière argentée de la lune baignant les glaces de la baie… C'est ce décor, la culture qu'il a façonné et les êtres qui y vivent qui donnent à ce livre polaire tout son attrait.
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