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Critique de Tempsdelecture


Peut-être vous rappelez vous ces chaines de lettre ou l'on vous demande de faire suivre un courrier à un certain nombre de personnes dans l'espoir un peu naïf de recevoir quelque chose en retour pour éviter une malédiction qui s'annonce ? Voilà tout le principe de ce récit sauf que dans le roman d'Adrian McKinty, on passe au niveau au-dessus, qui ne joue plus sur un espoir crédule un peu fou mais sur la menace. Il ne s'agit plus des chaînes sans conséquences qui, au pire, vous délestaient de quelques timbres postes ou de quelques minutes de votre temps, il est question ici d'enlever un enfant pour permettre la libération du vôtre.

J'ai dès le départ été intrigué par ce titre car une phrase d'accroche sur la première de couverture nous capte d'emblée le regard « le seul moyen de récupérer votre enfant, c'est d'en kidnapper un autre ». L'enlèvement d'une personne a fortiori celui d'un enfant, ce n'est jamais sans raison : si on exclut l'enlèvement parental, c'est presque toujours motivé par des intentions d'abus physique, psychologique ou sexuel ou par motif pécuniaire. Les sens bien éveillés, ma curiosité bien piquée, je me suis donc plongée avec envie dans ce polar, qui n'a pas perdu de temps pour répondre à mes attentes, les choses démarrent sur les chapeaux de roue dès la première dizaine de lignes.

Adrian McKinty instaure une pression terrible dès la toute première page, qui ne s'allègera que vers la toute fin du roman. Autant vous dire que vous vivez ces 470 pages sur les charbons ardents aux côtés de Rachel, la protagoniste principale, qui expérimente l'horreur d'être séparée de sa fille mais aussi bien malgré elle, endosse le rôle de bourreau en toute connaissance de cause. En tant que mère, toutes les émotions de Rachel m'ont assaillies, peur, angoisse, soulagement, désespoir, panique, colère, mais aussi culpabilité et la solitude que lui confère le poids de sa responsabilité. Adrian McKinty ne nous offre aucun répit. L'auteur irlandais nous fait passer par tous les stades de l'angoisse, qui se révèle être sans fin puisque selon ce pervers chantage pyramidal, il y a toujours des parents en souffrance.

Le point central du livre, c'est évidemment Rachel, une jeune divorcée, qui se relève à peine d'une dépression et qui va devoir faire appel au peu de forces qui lui restent pour d'abord essayer de délivrer sa fille puis pour s'improviser kidnappeur. C'est elle qui va donner à ce roman une autre dimension puisqu'elle va s'improviser enquêtrice et nous mener aux origines de cette sombre histoire. Outre le fait de prendre cette place de bourreau, qui va obliger chacun des parents à se faire violence, c'est l'interrogation sur les causes de cette pyramide de Ponzi du crime qui m'a guidée tout au long du livre. Bien évidemment, l'auteur garde savamment pour lui tant qu'il le peut toute bribe d'information susceptible de nous apporter quelques réponses.

La violence larvée est bien plus psychologique que physique – même si cette dernière est bien là, cachée au creux des vécus – elle est celle des réseaux sociaux, manipulés à souhait, qui ouvre ici une faille au sein de la vie de ces familles, dont on ne saurait rien sans eux. Finalement La chaine est un titre plutôt astucieux car il démontre toutes ces formes de violence qui se perpétuent de génération en génération, sans que personne n'y échappe. On observe parfaitement comme la violence subie chez les uns se répercutent sur les autres. C'est d'autant plus effrayant que nous sommes dans une société, et Adrian McKinty a su illustrer cet aspect des choses, ou il est fort difficile d'être déconnecté : rien que le fait d'avoir un smartphone ou un ordinateur, forcément connecté à Internet, nous rend vulnérable et ce n'est certainement pas facebook, instagram ou tik tok qui vont arranger cela.

C'est une narration assez habile puisqu'elle se déroule en deux temps en combinant deux noeuds narratifs. Tout d'abord les rôles concomitants de victime puis de bourreau au sein de la Chaine, c'est effectivement assez audacieux, puis la recherche de la tête pensante de cette association criminelle qui a trouvé le meilleur moyen pour fonctionner efficacement : assurer une emprise sur ses victimes au moyen d'un chantage particulièrement odieux et efficace.


Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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