Il faut assumer, être fort; et la meilleure façon d’être fort, c’est de compter sur les autres et d’avoir le courage de leur faire confiance. (p.330)
La mort est-elle urgente ? Je ne sais pas. C’est peut-être seulement qu’on a alors l’impression qu’il y a des choses à faire rapidement.
Le chagrin sépare. Partager l’impartageable.
Mon père n'était pas du genre à parler comme un livre, mais je me rappelle qu'une fois, le jour où Bethany avait été raccompagnée par Winnie Prisco et qu'elle avait juré de se tuer, mon père, qui était assis dans la cuisine avec maman, avait entouré cette dernière de son bras et dit : "À certains, la Vie demande davantage qu'à d'autres." Après quoi il avait saisi Bethany par le bras pour la reconduire dans notre break à l'hôpital.
…de tout temps, des hommes courageux sont partis chercher des réponses aux grandes énigmes de l’humanité. On a écrit des livres sur ces gens qui parcourent le monde afin de trouver des réponses à ces questions. (p.289)
Dans la vie, on se heurte les uns les autres, et ce qui fait la différence, c'est la façon dont on rebondit.
- […] Là-bas. Près de la fac, il y avait les racks à vélo. Pas d’antivols. Aujourd’hui, les antivols couvrent la planète, mais sans liberté, reste-t-il un monde à peindre ?
Et ça m'est tombé dessus dans la salle de musique, comme tout me tombe du ciel. Le hasard. J'étais telle une boule de billard se heurtant aux gens et aux choses. Ainsi, même si ma vie enfantine ne comprenait pas de plan particulier ni un semblant de ligne de conduite rationnelle, c'était ma modeste façon d'être au monde. Intégré à la totalité. Mais aujourd'hui, plus rien ne me tombe du ciel. Je ne suis plus une boule de billard. Ce n'est pas à cause d'une blessure, ni de Bethany ou d'autre chose. Seulement j'ai trouvé que la télé, la bière et les bretzels, c'était plus facile. On allume le poste, on boit une rafraîchissante blonde, on s'installe confortablement pour fumer - que demander de plus ?
Plus on tarde à faire des gentillesses qu’il conviendrait de faire régulièrement, plus c’est difficile; si bien qu’il faut finalement se forcer à être gentil, prévenant, et ce n’est pas facile car on est gêné de ne pas l’avoir fait en temps et heure. (p.247)
On avançait doucement, comme des gens nullement pressés d'arriver là où ils sont tenus d'aller. Certes, nous étions désireux de la réconforter, de la rassurer, mais, comme toute personne qui retourne sur ses pas, nous nous déplacions lentement, espérant nous réveiller. Le chagrin est répétitif. Une chaîne de montage qui n'a pas de fin et absorbe totalement votre existence.