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Critique de Luniver


Comment s'organisent les rapports entre colons et colonisés ? La base de la relation est une domination économique. le colon est le roi : vie moins chère, justice favorable, passe-droits administratifs. Les colonisés fournissent une main d'oeuvre extrêmement bon marché, d'où découlent tous les profits de la colonie.

Pourtant, le colon sait qu'il est un intrus : la seule vue des colonisés lui fait prendre conscience qu'il n'est pas chez lui. Difficile également de ne pas se rendre compte de tous les avantages injustifiés dont il profite. S'engage alors un délicat processus de justification de sa présence : dénigrement du caractère des colonisés (voleur, fainéant, sale) tout en laissant la situation en l'état (salaire de misère, travail abrutissant, aucun travail d'aménagement effectué).

Les sentiments d'humanisme n'aident en rien : le colon ne se sent pas proche du colonisé et n'est pas prêt à partager son sort, ni même à renoncer à ses avantages. Et les « droits des peuples à disposer d'eux-mêmes » devient gênant quand ledit peuple ne songe pas à s'organiser de la manière dont vous voulez.

La description du colonisé a été la plus intéressante, car plus actuelle. La colonisation ne s'arrête pas à une déclaration d'indépendance. Pendant plusieurs décennies, la culture des colonisés a été mise en pièce : leur langue n'était pas parlée, les fêtes religieuses et nationales étaient celles du colon, ... Quand celui-ci part, il faut retrouver une identité propre : que ce soit en allant rechercher des traditions d'avant la colonisation, plus vraiment adaptées au monde moderne, mais qui ont le mérite de lui appartenir pleinement ; en refusant de suivre le modèle de vie proposé par le colon, quitte à s'enfermer... dans des clichés coloniaux ! « En pleine révolte, le colonisé continue à penser, sentir et vivre contre et donc par rapport au colonisateur et à la colonisation ». Et elle ne s'achèvera vraiment que quand son omniprésence dans les pensées cessera.
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