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Critique de 5Arabella


Il s'agit de la seule pièce de Ménandre parvenue jusqu'à nous pratiquement entière. La découverte du texte est relativement récente, puisqu'elle date des années 50 du siècle dernier. Elle est quelque peu différentes des trames des autres pièces de l'auteur dont nous possédons des parties plus ou moins fournies, ou des scenarii, ce qui pose la question de la représentativité du corpus en notre possession ( environ un cinquième de l'oeuvre de Ménandre). le titre de la pièce a donné lieu à différentes traductions : le Bourru, le Grincheux, L'Atrabilaire, voire le Misanthrope, les deux derniers titres évoquant forcément la célèbre pièce de Molière. Mais les deux comédies ont des contenus bien différents.

Cnémon, un paysan peu fortuné n'aime pas les hommes et souhaite les éviter autant que c'est possible. Sa femme l'a quitté, elle vit à proximité chez un fils d'un premier mariage, qui subvient à leurs besoins tant bien que mal. Cnémon vit avec sa fille, et une servante, et travaille seul ses champs, ce qui est difficile, d'autant qu'il n'est plus jeune.
Pan en personne nous annonce dans le prologue qu'il a décidé d'aider la fille de Cnémon à cause de sa grande piété : un jeune homme riche venu à la chasse l'a vue, et a été rendu amoureux. Il a de bonnes intentions, et envoie son serviteur pour essayer de s'entendre avec Cnémon. Ce dernier, fidèle à lui-même, le chasse, en se livrant à quelques violences, sans que le serviteur ait pu lui expliquer ce qui l'amenait.
Gorgias, le demi-frère de la jeune fille a vent de ce jeune homme qui rôde, et devine que cela doit être en rapport avec sa soeur. Il vient pour la défendre, et fait la morale à Sostrate, qui le rassure sur ses bonnes intentions, il voudrait juste parler à Cnémon pour s'entendre avec lui. Gorgias, connaissant le bonhomme, n'est pas optimiste. Il propose à Sostrate de venir travailler la terre avec lui aux environ du champ de Cnémon, car rester sans rien faire ne donnera pas une bonne opinion au vieillard. Sostrate, en riche oisif, souffre pas mal en se livrant aux travaux agricoles. Et c'est pour rien : Cnémon s'est réfugié dans sa demeure, car la mère de Sostrate est venue avec une assistance pour sacrifier dans une grotte proche, et Cnémon fuit toutes les possibilités de rencontres.
Mais le hasard vient au secours de Sostrate : Cnémon tombe dans le puits, et ne peut en sortir que grâce à Gorgias et l'assistance un peu vacillante de Sostrate. Il est complètement abattu par l'incident, étant obligé de reconnaître qu'il ne peut se passer des autres. Il partage son bien entre sa fille et Gorgias, et consent au mariage. Il ne reste plus à Sostrate qu'à convaincre son père, venu lui aussi pour le sacrifice (en espérant que tout le festin n'a pas été mangé avant son arrivée). Il n'est pas trop dur à convaincre, rechigne un peu plus à donner aussi sa fille en mariage à Gorgias (personne n'a idée de demander son avis à la jeune fille), vu le manque d'argent, mais Sostrate arrive à le convaincre en argumentant sur l'instabilité de la fortune et l'essentiel des vertus.

La pièce, et ses aspects comiques, proviennent surtout du personnage principal, Cnémon, qui refuse de voir les hommes, et qui en vient vite à la violence injustifiée pour éviter tout contact. Rien dans la pièce n'explique les raisons de ce comportement. Il y a aussi l'opposition entre la famille riche, et les paysans, qui doivent gagner leur pain à la sueur de leur front. Sostrate, enfant gâté, qui n'est pas vraiment un modèle de volonté de courage et d'efficacité, et qui trouve les outils de paysan si lourds à porter, son père surtout préoccupé d'aller festoyer et valorisant la richesse. Mais au final ils se montrent plutôt de bonne composition. le personnage le plus positif est Gorgias, faisant vivre sa mère, soucieux de sa soeur, secourant d'une manière efficace Cnémon et sachant profiter raisonnablement de la situation, toujours digne et plein de bon sens.
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