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Critique de paroles


Cela fait déjà plusieurs semaines que j'ai terminé la lecture de cet ouvrage. Mais je n'ai pas pu en faire aussitôt une analyse (un bien grand mot) car comment décrire mon ressenti après…
Bien sûr que cette lecture ne laisse pas indifférent. Bien sûr que cette lecture nous ouvre des horizons peu chantants. C'est une lecture grinçante, qui nous oblige à l'abandonner pour la reprendre ensuite. C'est une lecture qui nous plonge dans une noirceur profonde et qui nous force à faire des pauses pour reprendre notre souffle. Parce que c'est une lecture qui fait mal.
Mais c'est une lecture nécessaire.

Daniel Mendelsohn, juif américain, a parcouru le globe (Ukraine, Australie, Autriche, Israël, Suède, Danemark) pendant plusieurs mois pour rassembler des éléments concernant sa famille disparue en Pologne, pendant la Seconde Guerre mondiale. Que sont devenus son grand-oncle Schmiel, sa femme et leurs quatre filles ?
Lui, qui a toujours été passionné de généalogie depuis sa plus tendre enfance, a bien failli ne jamais savoir quoi que ce soit à leur sujet car il a commencé bien tard ses recherches.

La lecture est longue et lente, comme le fut cette enquête longue et minutieuse, une véritable quête. Chaque petit élément recueilli est comme un élément de puzzle à replacer. Chaque personne rencontrée est une voix à ajouter à sa polyphonie. Car ce sont bien les témoignages enregistrés des quelques survivants à l'Holocauste qui lui ont permis de reconstruire le passé.
Mais il a douté. Car quelle puissance peut-on donner à la mémoire quand les faits se sont déroulés 60 ans auparavant ?
« Je peux regarder les diverses sources disponibles, les comparer, les collationner, et de là parvenir à une version plausible, de ce qui est probablement arrivé à l'oncle Schmiel, à sa femme et à leur fille, dans les journées qui ont précédé leur mort,. Mais bien entendu, je ne saurai jamais avec certitude. »
Et au final, ce n'est pas une histoire de sa famille qu'il a écrite, mais des histoires de familles différentes.
« D'un côté, nous avions tant appris, tant de faits, une telle quantité de détails, précisément parce que nous étions allés à la rencontre de ceux qui y étaient, qui avaient vécu de si près l'évènement en question. Et même ces informations, ces faits auraient disparu si nous n'étions pas arrivés à temps pour recueillir auprès de ces gens ce qui était important pour nous… Schmiel, Esther, les filles étaient inévitablement des personnages secondaires dans les histoires de ceux qui avaient survécu. »

L'originalité de cette enquête est qu'elle est construite en parallèle avec des passages de la Génèse pour expliquer les évènements. J'avoue que cette originalité m'a rendu parfois la lecture difficile car j'ai pu de références bibliques.
Difficiles aussi les passages des survivants sur ce qu'ils ont vécu, subi. La réalité est toujours plus forte que la fiction.

Ce que j'ai profondément aimé dans ce récit c'est que Daniel Mendelsohn ne porte jamais aucun jugement sur ce qu'il s'est passé. Il est là uniquement pour collecter des témoignages et trouver la vérité en ce qui concerne sa famille.
"Je ne juge personne. Et c'était vrai. Parce qu'il est impossible de savoir certaines choses, parce que je ne ferai jamais l'expérience des pressions que certaines personnes ont subies pendant les années de guerre, des choix inimaginables qu'il a fallu faire, en raison de tout cela, je refuse de juger."


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