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Critique de topocl


Daniel Mendelsohn , pour moi comme pour beaucoup, ça a d'abord été le choc de Les disparus. le succès aidant, est parue en français l'étreinte fugitive, premier volet de sa trilogie. La parution récente du troisième opus, Une odyssée : un père, un fils, une épopée, est l'occasion pour moi de m'y replonger. Moins abouti sans doute, plus confus, moins centré, l'étreinte fugitive reste une lecture riche et pleine d'ouvertures.

Daniel Menselsohn aime les "garçons", il vit à Chelsea, quartier gay de New-York et fréquente les lieux de drague, les sites de rencontres, cumule les rencontres d'une nuit ou d'un instant, sans lendemain et sans intimité, pour le plaisir du jeu et de la multiplicité.
Daniel Mendelsohn habite aussi dans le New Jersey, un quartier à la bourgeoisie conformiste, auprès d'une femme célibataire, Rose, qui, une fois enceinte, lui a demandé d'être l'élément masculin auprès de cet enfant, Nicholas. Auprès de lui il apprend l'importance de la permanence, de la sagesse, l'intensité de la filiation.
Daniel Mendelsohn est le descendant de Juifs polonais émigrés aux Etats-Unis entre deux guerres, et dont l'histoire familiale est aussi complexe et pleine de sens que celles de la tragédie grecque.
Daniel Mendelsohn ne renonce à aucune de ces trois images de lui, qui se reflètent et se répondent à l'infini dans un miroir qu'il se tend à lui-même.

Ce qui donne un sens à cet amalgame parfois confus, est une expression du grec ancien, dont Mendelsohn est un érudit passionné : deux particules, men ... et de... qui n'ont de sens l'une sans l'autre, et qu'on pourrait traduire par d'un côté... et de l'autre côté , et qui, nous dit-il, sous-tendent la pensée grecque. Quelque chose qui a à voir avec la dualité, le paradoxe, l'ambiguïté, le compromis. Quelque chose qui apprivoise la complexité : gay et père, sujet et objet, volage et fidèle, Américain et juif, fils et père, confronté à la beauté comme à la perte.

C'est livré dans un livre exigent, sans concession, qui ne s'offre pas le luxe de la simplicité, de la chronologie, parce que ce ne serait pas le reflet de la vie, de ses surprises, de ses traquenards. Mendelsohn suit ses pensées, saute d'un personnage à l'autre, d'une époque à l'autre pour tracer un trajet plein de contre-temps, de digressions et de détours. L'ensemble est disparate, parfois sans queue ni tête, et l'unité en vient par une réflexion implicite sur les liens entre vie vécue, littérature, mythes, histoires, mensonges qui sont la source de son identité.

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