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Critique de Leo38000



Ce livre est tout sauf un « fous y Tout », pour reprendre une expression employée par un « babeliote » à son propos.

C'est plutôt la narration, par un écrivain, de son questionnement à propos de la manière de raconter une histoire.

Faut-il le faire à la façon de Homère dans l'Odyssée, en intégrant au récit de longues digressions faites non pas pour perdre le lecteur mais au contraire pour lui donner une vue exhaustive du sujet.

Ou faut-il plutôt procéder selon la tradition hébraïque ; c'est à dire laisser des parts d'ombre pour que la lumière en soit plus éclatante.

Mais ces deux manières d'écrire sont-elles aussi exclusives que cela l'une de l'autre ? Ne sont-elles pas comme « le côté de chez Swan » et « le côté de Guermantes » du narrateur de « la recherche du temps perdu », les deux extrémités d'une même boucle.

DM nous raconte cela en appliquant chacune des méthodes de narration.
C'est pour cela que dans ce livre il est aussi question de migration, de littérature universelle, de presque-coïncidences et de tellement d'autres choses essentielles.

Il le fait à travers l'expérience de trois grands exilés : Auerbach, Fénelon et Sébald, et à partir de ses propres voyages dans les pays de l'est de l'Europe, à la recherche de sa famille exterminée durant la seconde guerre mondiale.

Ses considérations sur chaque style et chaque exil ne sont pas l'exposé ex cathedra d'une thèse mais l'interrogation douloureuse d'un écrivain ébranlé par sa propre histoire et qui ne sait plus s'il pourra encore écrire.

Mais écrire quoi, et écrire comment, surtout, pour rendre compte de la réalité, quand la réalité dépasse en horreur toute histoire ? Quelle fiction inventer pour dire l'indicible ?

Le livre de DM lui ressemble ; il est beau, intelligent et sensible.

On l'aura compris tout le contraire d'un « fous y tout » donc.
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