Nous avons en nous une telle pulsion de vie, une telle capacité d'adaptation et de conscience, que nous savons faire face à des situations qui nous paraissent insurmontables a priori. La mort et la maladie font partie de ces situations prétendument insurmontables, mais nous ignorons trop souvent les ressources que nous avons en nous pour les affronter. Ce sont des ressources naturelles, de l'ordre du biologique. Mais de ce naturel, de ce biologique, nous sommes coupés.
On me fait savoir que le grand chef passera me voir dans la matinée... puis dans l'après-midi... puis dans la soirée... Deux jours s'écoulent ainsi dans une interminable attente que ma culture du "tout, tout de suite" m'empêche de supporter comme une personne normalement patiente. Une immense colère monte en moi, nourrie par un gigantesque sentiment d'injustice et d'impuissance.
Nous avons en nous une telle pulsion de vie, une telle capacité d'adaptation et de conscience, que nous savons faire face à des situations qui nous paraissent insurmontables a priori. La mort et la maladie font partie de ces situations prétendument insurmontables, mais nous ignorons trop souvent les ressources que nous avons en nous pour les affronter. Ce sont des ressources naturelles, de l'ordre du biologique. Mais de ce naturel, de ce biologique, nous sommes coupés.
Le poids des conventions sociales qui nous force à nous comporter de telle ou telle façon avec un malade diagnostiqué incurable, une personne fragilisée ou en fin de vie, a généré un tabou qui invisibilise et rend à ce jour totalement impossible la seule idée de projet de fin de vie.
La notion de projet de fin de vie est en effet profondément collective, et donne au malade incurable la possibilité de maintenir son utilité dans le groupe. Pour un animal social tel que l'humain, quoi de plus précieux que de conserver sa place et sa fonction jusqu'à la fin ? C'est là le sens de cette notion, et aussi le plus beau cadeau que le futur mort laisse aux vivants pour les accompagner dans la perte qu'il va occasionner dans un avenir proche.
Il s'agit, autour du patient, d'amener les aidants et les équipes médico- psychologiques à instaurer un apaisement et une sérénité qui auront de larges bénéfices dans le soin qu'ils pourront lui apporter. Son état psychologique en sera considérablement amélioré, facilitant la prise en charge et la prise de décision difficile, ainsi que la résilience face à l'adversité.