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Critique de Tempsdelecture


Belfond noir nous propose en ce mois d'octobre un thriller au décor îlien : beaucoup d'autres auteurs auparavant ont été inspirés par l'insularité, les noms qui me viennent en tête sont ceux de Denis Lehane ou Agatha Christie, les huis clos insulaires sont propices à fabriquer des thrillers efficaces et glaçants. À la différence, qu'ici, les protagonistes, une famille de parents et de leurs deux enfants, vivent sur l'île en question. L'auteur allemand, Ivar Leon Menger, a pris les choses à rebours, et si les premiers chapitres se déroulent entre les frontières que symbolisent les rives du lac qui entoure l'île, c'est bien ce fascinant extérieur qui exerce une sorte d'obsession pour les deux adolescents. C'est un premier roman de la part d'un auteur qui est habitué à écrire des pièces radiophoniques et livres audio pour Audible.


Juno vit avec Boy, son petit frère de douze ans, entourée de Père et Mère, ses parents, qu'ils vouvoient. Comme leur habitation est la seule et unique sur cette île, ils font l'école à la maison. Ils passent leur vie, reclus sur l'île, même si l'île leur tient de cour de jeu. Ils ne fréquentent personne, se tiennent éloigner de l'autre monde, au-delà du lac, et lorsque le seul individu autorisé à venir sur l'île leur apporter le courrier, leurs parents les tiennent éloigner. Cela fait forcément naître des questions dans l'esprit de Juno, jeune fille de seize ans, à qui les rares heures de lectures et d'enseignement ne suffisent plus, et à Boy, plus jeune, mais tout aussi intrigué que sa soeur. L'attrait de l'étranger, ce lointain inconnu, et de l'interdit, le bureau de Père fermé à clef vont pousser la jeune fille à s'aventurer au-delà des étroites frontières que ses parents leur ont fermement fixées.

On se rend vite compte que quelque chose cloche dans ce foyer à la Robinson Crusoé, en dehors de toute forme de civilisation, qui en plus est doté d'un bunker comme si le danger, totalement imperceptible, rôdait en permanence. La curiosité insatiable de la jeune fille, la pousse à se poser des questions sur la façon dont elle vit, le narratif que ses parents leur ont imposé depuis qu'ils sont petits, et des réactions de l'un et de l'autre. L'auteur allemand prend soin de disséminer régulièrement, ici et là, des indices sur ce que cache cet isolement familial, loin de tout, hermétiques à tout élément de modernité, confiné dans une auto-suffisance presque maladive. Il y a cette grande soeur, absente bien sûr, il y a ce bunker qui pèse lourd, ces albums photos qui rappellent une autre réalité, un passé aux antipodes du présent qui est le leur.

Plein d'indices cachés ici et là, du simple refus de la Mère à jouer au Risk, là où il s'agit de se faire la guerre en s'appropriant les territoires des uns et autres, ou un simple moment de franche rigolade en famille tourne à l'eau de boudin. Que des airs de stage de survie en milieu hostile, les enfants vivent embuées dans une paranoïa tellement épaisse qu'il faut bien la volonté ferme d'une jeune fille pour la dépasser. le lecteur est évidemment coincé dans cette opacité, où seul le malaise ambiant règne, celui-là qui pousse la jeune fille vers l'extérieur, qui fait qu'elle apprend à nager seule. On marche à l'aveugle pendant une bonne partie du roman, les doutes nous assaillent, on rétropédale quelques fois, suspens garanti, celui de savoir ce qui se trouve au-delà de ce lac dont on n'est même pas sur de la localisation exacte.

Un conte d'horreur, je ne sais pas, peut-être que cela bien d'où on pointe le curseur de l'horreur, alors oui il y a de l'horreur dans cette histoire d'une fratrie surprotégée et qui respire difficilement en vase clôt. Tout est question de perspective dans ce roman, à savoir ce qui se passe de chaque côté de l'île. C'est encore plus perturbant lorsqu'un jeune italien débarque et ajoute encore de mystère à la situation. J'aurais aimé un peu plus d'explications sur le fond de l'histoire et les personnages impliqués, l'auteur s'est surtout attaché à créer et entretenir cette ambiance de terreur contaminante et cette tension progressive menée dès la première ligne du récit.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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