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Critique de Chouchane


C'est Dante Alighieri qui nous invite à entrer dans le roman « Par un pertuis rond je vis apparaitre les belles choses que porte le ciel ». Car comme Dante l'auteur sort de l'enfer, celui de la guerre civile d'Ethiopie. Comme ses deux seuls amis Kenneth et Joseph l'un venant du Kenya l'autre du Congo, il a fui la violence. Exilé aux Etats Unis, il mène une vie de migrant ni intégré à la communauté éthiopienne, ni à celle des américains « coincé entre deux mondes ». Mais ce qui vaut dans ce roman c'est la maturité de l'écriture et des idées qui y sont développées. Sans oublier les capacités à conduire le lecteur dans un monde de fiction ou la misère côtoie le merveilleux. Mengestu vous mène dans une épicerie miteuse du centre de Washington et c'est comme si vous étiez dans un palace, il regarde des gamins voler dans son magasin et ce sont des anges qui passent et quand sa vie le met face à un Naomi une petite fille métisse et sauvage il nous offre une rencontre hors du temps, suspendue au dessus des êtres et des lieux. Pas un mot de trop pour parler de la solitude sans amour de trois immigrés africains, pour parler des rêves de fortune inaboutis, d'une vie vécue à lire et à attendre. Car Sépha ou Stéphanos vit comme s'il était en transit, comme s'il allait retourner en Ethiopie. Il envoie de l'argent à sa mère et son frère. Il ne s'investit pas dans sa boutique qui se délabre, ce qui lui tient lieu de vie ce sont les livres et ses deux amis. Pourtant, un jour s'installent à côté de chez lui la blanche Judith et sa fille Naomi. La vie rebat les cartes et Sépha découvre non seulement qu'il est encore capable de sentiments mais aussi une forme de vérité sur lui-même. Peut-il continuer à rester entre deux mondes ? Tout le roman tend vers la réponse qui reste en demi-teinte. Megestu s'appuie aussi sur des géants de la littérature pour livrer son message et outre Dante, on croisera Dostoievski, Toqueville, Emily Dikinson ce qui donne encore plus de profondeur à ce roman qui n'en manque pas.
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