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Critique de Colchik


L'historien Éric Mension-Rigau consacre l'essentiel de ses recherches aux élites, et plus particulièrement à la noblesse. Dans cet ouvrage, il s'attache à identifier ce qui fait la permanence aristocratique, le socle sur lequel la noblesse a assis pendant des siècles son pouvoir, son rayonnement, mais aussi sur lequel elle s'est appuyée pour transmettre un esprit et une manière de vivre très spécifiques à cette classe. Il s'agit d'un travail qui se veut à la fois historique et sociologique, analysant les transformations à l'oeuvre dans cette société plus ou moins perméable aux impératifs économiques et à l'évolution des moeurs.
Le travail de l'historien est rigoureux et révèle une connaissance approfondie des lignages et de leur inscription dans L Histoire française. Je suis plus réservée sur les apports sociologiques. Méfiant à l'égard des statistiques, Éric Mension-Rigau collecte de nombreux témoignages pour étayer son analyse. Comme il veut assurer un certain anonymat à ses sources, nous ne saurons rien de plus que leur genre et leur année de naissance. Si ce procédé, « en mosaïque », permet de donner vivacité et nuances au document, il trouve ses limites dans le flou qui entoure ces confessions. S'agit-il d'aristocrates fortunés, de nobles ancrés dans leur terroir, de familles princières, de personnes déclassées par l'érosion de la fortune familiale ? Difficile de juger.
Par ailleurs, je me suis rendu compte, au fil de ma lecture, que je ne remettais plus en cause les opinions de ces personnes, que j'acceptais comme allant de soi des jugements et des opinions totalement étrangères à mon milieu social. Je l'explique par la bienveillance avec laquelle l'auteur accueille les propos de ses témoins, une bienveillance proche de la connivence à certains moments. Je l'ai mieux comprise quand, dans Gotha City de Laure de Charette et Benoist Simmat, il est mentionné que l'historien est « lui-même héritier de la dynastie aristocrate des Mension-Rigau ». La distance nécessaire entre le sociologue et son objet d'étude s'était singulièrement raccourcie. Par ailleurs, un simple coup d'oeil aux travaux des Pinçon-Charlot permet de comprendre la différence d'approche.
Le livre est plaisant, très agréable à lire, sans totalement me convaincre sur la pertinence de sa dimension sociologique.
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