Toute nue, avec des seins, vous les auriez vus, énormes ! De vrais gros melons, même moi, j’avoue, j’ai eu envie de les toucher pour voir. Une peau impeccable, et une chevelure splendide qui lui dégoulinait des épaules.
Elle avait l’impression de devoir son silence à deux choses : elle se taisait parce qu’elle l’aimait. Elle se taisait parce qu’elle le détestait. Ça grouillait au fond de son ventre. Mais, arrivées au niveau de la gorge, les émotions s’emmêlaient en une énorme boule qui bloquait tout. Jusqu’à sa respiration, irrégulière, difficile.
Surtout que je ne suis pas du tout du genre à fouiller. Jusque-là, je n’étais même pas spécialement jalouse. C’est fou la vie.
Sur le moment, je me suis dit : « il ne faut jamais fouiller dans le téléphone de son mari. Franchement, ça ne sert à rien. Ne regarde pas, Jeanne. Ne regarde surtout, surtout pas, c’est idiot. »
Ses jambes flageolaient. Le genre de sensation qu’elle connaissait bien, et qui accompagnaient habituellement les moments de bonheur intense. Comme le jour de leur mariage, par exemple. Lorsque sa joie était si profonde qu’elle était presque trop puissante pour être portée par son corps.
Les quinze dernières années de sa vie s’échappaient d’elle. Comme l’eau fuit de la baignoire, après le bain. Par litres entiers, elle s’en va. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’autre que le vide et les parois froides et humides de l’émail.
Ce silence. Elle était comme anesthésiée, en dehors de son corps. Tout dans cette scène était trop crû. Tout avait l’air trop… oui, voilà, c’était trop, tout simplement.
Elle avait considéré sa décision de se taire comme une réaction d’urgence davantage qu’une vraie démarche de pouvoir. A ceux qui trompaient, ont donnait des conseils sur ce qu’il fallait dire, comment le dire, voire même comment ne surtout pas le dire. À ceux qui étaient trompés, on conseillait de dire, toujours : pour que ça sorte, pour se réparer, pour avancer. Ou pour savoir. Jamais on ne les accompagnait dans leur choix de silence...