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Critique de Le_chien_critique


Malevil ou le bon sens paysan, le post apo du terroir.

Quatre copains d'enfance dans la campagne du Périgord raconté par Emmanuel, l'ex directeur d'école du village de 400 âmes, devenu patron d'une exploitation agricole florissante. Une personnalité ambigüe : humaniste mais cynique et manipulateur.
Sa maitresse de maison, une vielle femme appelé La Menou, une "vieille coriace, elle ne manque pas de coeur, même s'il faut le trouver sous plusieurs épaisseurs d'écorce." et son fils Momo, un grand dadais de 49 ans qui n'a pas la lumière à tous les étages et s'exprimant en patois simplet "Mébouemalabé oneieu ! Emebalo !" (Mais foutez-moi la paix, nom de Dieu. J'aime pas l'eau !)
Le camarade Meyssonnier, celui qui a sa carte du Parti, toujours à fustiger les attitudes capitalistes et lorgnant de son oeil mauvais tout ce qui touche à la religion. Appelé malgré son étiquette à faire de grandes choses.
Peyssou, le campagnard typique, celui qui fait plutôt que tergiverser.
Colin, le malingre toujours à vouloir prouver sa force, mais oubliant qu'elle réside dans son astuce.
Et Thomas, le géologue parisien, "un peu raide, un peu gauche encore, en homme de la ville qui n'a pas encore le geste bien rond, ni assez prompte, l'insulte amicale."
Il y a aussi les quelques autres qui apparaitront et disparaitront au fil des pages.
Je vous parle longuement des personnages car c'est l'une des forces de ce texte. Toujours bien brossés, tout en nuance, jamais tout blanc ni tout noir, mais au final pas tout à fait gris non plus. Des psychologies complexes que l'on découvre peu à peu.
La Menou, avec son franc parler m'a fait passer de très bon moment, toujours avec ses bons mots, parfois médisants.
Robert Merle prend son temps, le temps qu'il faut, pour dresser sa géographie, ses protagonistes, leurs histoires. le quotidien dans toute sa banalité. Et puis, lors d'une réunion informelle dans une cave du château de Malevil en dégustant un bon verre de vin : BOUM

L'originalité de ce roman, c'est d'avoir ancré son histoire dans le terroir, loin des décideurs de la Capitale. Pourquoi la catastrophe ? Qu'en est-il du reste du monde ? Des questions qui n'intéressent pas Robert Merle. Son credo serait plus une étude de psychologie sociale de quelques individus placés dans un environnement critique. Comme toujours, c'est dans les situations extrêmes que les gens révèlent leurs vrais visages, et ici, le lecteur est servi. Nous suivons donc leur tentative de se créer un petit havre de paix malgré l'événement dramatique. Relations sociales, survie, vie politique, religion et tensions dramatiques bercent le lecteur tout au long du récit. Sans oublier les relations hommes femmes.
La place de la femme dans le récit, cela fait parfois tiqué, le lecteur se demande : Merle misogyne ? Non, j'y vois plutôt la continuation de l'ancrage campagnard du roman dans ces années 1970 : la femme au fourneau, les hommes au bistrots, les nouvels moeurs du 68 parisien ne sont pas encore arrivée dans le peroçgord ? Les lignes sur la description de leur corps, (loin du dictat de la maigreur, nous sommes en campagne ! ) et leur rôle au final assez fort, je pense ne pas me tromper. Notamment en poursuivant la lecture, Merle propose d'autre moeurs plus à mêmes de régir ce nouveau monde : amour libre, prêtrise qui peut avoir une copine, utopie communautaire... Il faut savoir s'adapter si l'on veut survivre.

Un roman post apocalyptique du terroir qui fait la part belle aux hommes. Les pages s'animent et surviennent les images des mots. le tout est servi par une belle plume qui nous fait vivre au plus près cette campagne oubliée. Bref, je vivais pleinement avec les personnages. Et une fin ouverte pour laisser le lecteur décider de la suite des événements.
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