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Critique de Junie


Sentiments mitigés après la lecture de cet album qui traite d'un sujet très controversé dans nos campagnes.

Le loup a t-il encore sa place dans notre univers obsédé par le besoin de toujours plus de sécurité?
La montagne reste un espace où le danger demeure bien présent: intempéries, avalanches, éboulements de rochers, glaciers menaçants, relief vertical, isolement et rudesse du climat en font un milieu peu favorable à l'activité humaine. Autrefois, peu de monde s'aventurait au-delà des alpages, en dehors des chasseurs de chamois et des cristalliers.

La présence des loups, venus par le sud des Alpes depuis 1992, d'Italie et d'Europe de l'Est, est une nouvelle menace pour les éleveurs et les bergers.
On le sait depuis nos premières Fables: les loups ont un goût prononcé pour les moutons, pauvres victimes immolées sur l'autel de la biodiversité.
Haro, donc, sur ce fauve qui met en péril notre quiétude et réveille les terreurs ancestrales. C'est donc sans hésitation que le berger va flinguer son ennemi héréditaire, en l'occurrence une louve, qui laisse un petit louveteau orphelin.

Jusque là, vous me suivez. Ensuite, le fait divers bascule dans le conte philosophique vaguement ésotérique.
En effet, notre louveteau pas encore sevré va survivre en trouvant sa pitance au milieu des vautours, et se transformer en vengeur impitoyable au cours de la deuxième partie. Car il en veut au méchant berger qui a tué sa môman.
Pour relativiser l'attitude radicale du berger, qui tire aussi sur les chamois, on le voit vider son gibier et déposer en offrande les viscères de l'animal tué, sorte de tribut versé en dédommagement à la Nature. Comme par hasard, c'est notre louveteau qui profite du festin.

L'année suivante, le louveteau, déjà devenu adulte (!) se paye le luxe de devenir chef de meute en éliminant le mâle alpha. Il peut ensuite assouvir sa vengeance en attaquant le troupeau du berger assassin et en envoyant les moutons se précipiter en bas d'un ravin. Fichtre! le berger se fâche tout rouge! Il aura la peau de ce loup-là! (aucune allusion à l'ex président brésilien)
Hurlant sa colère et sa rancune, notre berger se prépare pour le 3è acte de cette tragédie: la poursuite infernale dans la montagne, qui le conduira à la limite de ses forces, au bord de la folie.....

Je ne vais pas spoiler la fin de l'histoire, il faut laisser un peu de suspense. Car les péripéties ne manquent pas.

Pour conclure, je dirais que les invraisemblances du récit m'ont un peu gênée. L'auteur semble désireux de nous initier au monde de la montagne, mais ça reste un peu folklorique. Il ne prend pas parti entre protection de la vie sauvage ou protection de l'activité pastorale. Un peu Normand, le gars.
Le texte de Baptiste Morizot, en fin d'album, essaie de clarifier les choses, notamment le côté symbolique du récit.

Concernant les dessins et l'ambiance du récit, je dois avouer que je n'ai pas ressenti de grands frissons esthétiques. Pas de lyrisme ou de paysages bucoliques, on est pris dans une atmosphère de guerre et de mort, de sang et de haine. Rien à voir avec le Génie des Alpages ou Heïdi, c'est plutôt un western tragique à la Howard Hawks.

La prochaine fois, nous parlerons des trois Petits Cochons.
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