AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nastie92


Le grand Reinhold Messner joue à Sherlock Holmes.
Il s'attaque à une de ces sales affaires qui ternissent l'image de l'alpinisme.
Un alpiniste dit avoir atteint un sommet difficile, tellement difficile que beaucoup l'ont déclaré "impossible", mais dans la communauté des grimpeurs, chacun doute de sa parole. Alors, devant l'absence de preuves matérielles, qui croire ?
Plantons d'abord le décor.
Le Cerro Torre est un sommet de Patagonie, situé à la frontière entre le Chili et l'Argentine. Il fait partie de ces montagnes qui prouvent que leur difficulté ne tient pas qu'à leur altitude. En effet, culminant à "seulement" 3 102 mètres, bien loin des 8 000 mètres des géants de l'Himalaya, il est considéré comme l'une des montagnes les plus difficiles au monde. Il consiste en effet en une paroi granitique quasi verticale de plus de 800 mètres de haut surmontée d'un champignon de glace instable.
Beaucoup s'y sont frottés, tous ont échoué.
Du moins jusqu'en 1959... si l'on en croit les dires de l'alpiniste italien Cesare Maestri. Celui-ci affirme avoir atteint le sommet avec l'autrichien Toni Egger qui décède lors de la descente, emporté par une avalanche. Dès lors, l'italien est le seul à pouvoir raconter. Sa parole seule fait foi, d'autant plus qu'il affirme que les photos prises au sommet se sont perdues avec son compagnon.
Après un premier échec, le Cerro Torre était devenu pour Maestri une idée fixe. Il voulait le conquérir à tout prix. Il allait jusqu'à affirmer "Je mourrai sur le Torre ! Il ne peut en être autrement... je reviendrai au Torre et je m'accrocherai à ses parois avec l'énergie du désespoir."
En 1959, lorsqu'il part pour le sommet tant convoité, il dit : "Si je ne reviens pas, vous direz aux gens que c'est là-haut, sur le Torre, que je cherchais le sens de ma vie."
Reinhold Messner rend bien compte de la volonté farouche de Maestri, de cette pensée permanente qui confine à l'obsession, voire à la folie ; j'ai beaucoup aimé cet aspect du livre. D'autant plus que sa démarche est honnête. Dans un premier temps, il ne doute pas de la parole de Cesare Maestri, il cherche simplement à éclaircir une situation opaque. C'est avec l'absence de réponses et l'hostilité de plus en plus affichée à son encontre que notre "enquêteur" va changer d'avis. Un changement étayé par des faits matériels imparables.
Voilà donc un ouvrage original, à la frontière entre le récit d'aventure et le roman policier, fondé sur des faits réels. Une énigme mythique de l'histoire de l'alpinisme.
Reinhold Messner apporte ses connaissances de spécialiste sur cette affaire, son analyse est intéressante.
Je regrette cependant qu'il se soit un peu enlisé dans des propos qui deviennent répétitifs, et qu'il soit desservi par une traduction pas toujours à la hauteur. Pour ces raisons, je ne recommanderais ce livre qu'aux passionnés d'alpinisme.
Commenter  J’apprécie          356



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}