AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de IrishStew


Aujourd'hui nous fêtons le centenaire du début de la 1ère Guerre mondiale. Et pour ne pas oublier ce conflit, et surtout pour apprendre ce qu'il en a été durant ces plus de quatre ans aux jeunes générations, plusieurs auteurs ont publié et publient encore des albums et des romans jeunesse autour du sujet. C'est le cas de Pef, par exemple, mais aussi d'Hervé Mestron, qui nous offre ici trois nouvelles. Hervé Mestron qui a fait des études musicales au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon, et qui a collaboré avec l'Historial de la Grande Guerre pour ce recueil.
La première nouvelle donne son titre à celui de ce recueil: le narrateur n'est rien d'autre qu'un violoncelle qui a connu la vie dans les tranchées avec son propriétaire, d'où le nom de violoncelle poilu. Un violoncelle qui a connu la douceur des salons bourgeois, de la prestigieuse salle Pleyel, et qui se retrouve dans une housse rugueuse dans la boue des tranchées, dans la Somme. C'est une manière intelligente que de parler de la guerre par la musique, par le violoncelle, qui en plus de ça a une âme, des émotions et des sentiments. Plusieurs instruments de ce conflit nous sont parvenus, d'ailleurs, et nombreux sont les artistes qui ont été fortement influencés par la guerre. le violoncelle poilu est triste, affreusement triste. Ca se termine mal d'ailleurs et on ne peut pas ne pas contenir nos larmes. A la lumière de Beethoven, le compositeur préféré du violoncelliste, nous sommes confrontés à la vie dans les tranchées; le doux chant du violoncelle a du mal à percer le hurlement des obus qui déchirent le ciel et celui des officiers qui sonnent la charge. A savoir que le violoncelliste s'appelle Maurice, sans doute un clin d'oeil à Maurice Ravel, qui a bien connu la guerre de 14-18...
La deuxième nouvelle s'intitule Quoi de neuf depuis 14-18?, et c'est un garçon qui prend la parole. Son papy est né en 1915. le garçon a l'intention de noter dans un grand cahier ce que son grand-père a connu du conflit, et surtout des conséquences. C'est clairement une nouvelle de témoignage, avec ce que cela entend de transmission intergénérationnelle. Encore une fois le violoncelle guide l'histoire; ce n'est plus le même, mais le chant de l'instrument est toujours présent. Cette nouvelle est intéressante, parce qu'elle s'intéresse davantage aux conséquences de la guerre, les gens qui rentrent chez eux complètement fous, ceux qui ne rentrent pas du tout, les familles détruites, les enfants de la honte que l'on cache...
Enfin, la dernière nouvelle, Dernier pet d'un fusil à baïonnette, cherche à briser cette idée que, durant la Grande Guerre, les français étaient des héros et que les allemands étaient des bourreaux; que les deux camps étaient nourris au patriotisme voire au nationalisme. Que les soldas étaient conscients de ce qu'ils faisaient et qu'ils le faisaient de bonne grâce. Cette nouvelle, dans laquelle c'est un fusil qui parle, montre le contraire. Elle montre que ceux qui n'étaient pas patriotes étaient tués par leurs frères, que les deux camps s'échangeaient des cigarettes pendant les trêves. Elle montre que la guerre n'a jamais eu de sens et que ceux qui sont à blâmer sont les officiers dont personne n'a vu les visages et qui pourtant ont été décorés de médailles. Cette nouvelle est la plus courte, et en même temps la plus violente selon moi.
De manière général, la plume d'Hervé Mestron est plaisante à lire. Ce n'est pas lourd, il ne plonge pas dans le pathos comme pourraient le faire de nombreux auteurs pour forcer le lecteur à pleurer. C'est un style que j'ai trouvé assez sobre en fait, et qui, de ce fait, met mieux en avant les horreurs de la guerre. le fait de prendre pour narrateur un violoncelle dans la première nouvelle et un fusil à baïonnette dans la dernière est très intelligente selon moi: à l'heure où tous les poilus, tous les témoins de la Grande Guerre sont morts, les objets qui nous sont parvenus nous permettent d'en apprendre encore. Ils nous parlent, d'une certaine manière, et Hervé Mestron a voulu prendre cela au mot et leur donner littéralement la parole.
Lien : http://lesjeuneslettres.blog..
Commenter  J’apprécie          30







{* *}