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Critique de Sando


Le roman débute en 1943, dans un petit village du nord de l'Albanie. Kajan vit seul avec son grand-père, tandis que ses parents sont partis combattre les nazis. Alors qu'il se questionne sur cette guerre lointaine et abstraite, il fait la rencontre de Cornélius, un déserteur allemand. Celui qui devrait incarner le terrible ennemi est en réalité un homme doux, pacifiste et un talentueux musicien. Leçon après leçon, il va transmettre son savoir à Kajan, qui se révèle être un élève particulièrement doué.
Mais, lorsque la guerre prend fin, chacun doit retourner parmi les siens et les deux amis sont séparés. Kajan va continuer à cultiver cette amitié à travers la musique, devenant le plus jeune professeur du conservatoire. Mais la guerre contre le fascisme a laissé la place à la dictature communiste et Kajan, véritable fierté nationale ignore encore tout de ce que lui réserve la vie… de l'Albanie à l'Allemagne, en passant par les Etats-Unis, Kajan, le pianiste prodige, va vivre mille et une vies, mille et une peines, entrecoupées de quelques éclaircies. de trop rares moments de bonheur, volés à un monde dans lequel règne le plus terrible chaos…

Et bien, quelle épopée! A travers l'histoire de Kajan, c'est tout un pan de l'histoire de l'Albanie, ce petit pays coincé entre le Monténégro, le Kosovo, la Grèce et la mer Adriatique, que j'ai découvert! Des années 40 aux années 90, on balaie cinquante ans d'Histoire à travers une véritable aventure humaine, riche en rencontres, en drames et en rebondissements.

Je dois dire que j'ai été littéralement transportée aux côtés de ces nombreux personnages terriblement attachants, mais malmenés par les coups du sort autant que par leur patrie. On imagine mal ce que c'est de vivre dans un pays refermé sur lui-même, refusant le progrès et le changement. Un pays où votre voisin peut, par jalousie ou par convoitise et sur une simple dénonciation, vous faire envoyer dans un camp de travail dont vous ne reviendrez jamais… Ermal Meta rend à merveille ce règne de la terreur et de la suspicion dans un climat de Guerre Froide particulièrement tendu.

Le roman est sombre, haletant et particulièrement bien rythmé. Difficile à lâcher une fois commencé. La musique participe à ce rythme et joue un rôle essentiel s'élevant comme une seule voix, défiant les frontières, les barrières du langage, pour s'élever contre l'oppression et dire la beauté et la liberté qui subsistent quand tout semble perdu. C'est beau, c'est fort et c'est musical jusque dans l'écriture. Bon, si je voulais être tout à fait objective, je devrais peut-être reconnaître que les ficelles narratives sont parfois un peu faciles et les rebondissements un peu gros, mais à aucun moment ça n'a gâché mon plaisir de lecture, au contraire! Un premier roman porté par un souffle romanesque qui m'a proprement emballée et que je recommande sans hésiter!

Un grand merci à Babelio et aux éditions JC Lattès pour ce partenariat réussi!
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