AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de topocl


Diane Meur, sans trop savoir elle-même pourquoi, se met à s'intéresser à la famille Mendelssohn. Moses, philosophe juif allemand du XVIIIe siècle qui prêche l'émancipation, Félix, compositeur prolifique plein de charme. Puis au passage Abraham, leur fils et père, « géant entre deux génies », passeur pas si terne qu'on le croyait au départ, puis la fille de l'un, le frère de l'autre, le neveu, le lointain cousin… Jusqu'à une géante tache d'huile, joyeusement alimentée d'archives et de consultations compulsives sur Internet.

Diane Meur s' instruit, nous instruit, de cette famille féconde à travers les siècles, dont elle dénombre pas moins de 765 descendants. Au fil des éléments historiques, on change de nom, de confession, de profession, les enfants meurent en bas âge, les amours sont heureuses ou contrariées. Les portraits sont autant personnalités, féminines ou masculines, sur lesquels l'auteur compulse, retranscrit, mais aussi rêve ou imagine , tendre vis çà vis de ses personnages, et pleine d'autodérision

Cette histoire habilement menée, entre biographie individuelle et déroulement historique, trouve tout son piquant par la choix de Diane Meur de se mettre en scène, écrivain à l'oeuvre, ses enthousiasmes, ses hésitations, ses combats, ses recherches, ses rêves et délires, ses fuites d'eau… le chapitre qui m'a le plus enthousiasmée est celui qui donne son titre à l'ouvrage, « la carte des Mendelssohn » où elle s'acharne, armée de son ordinateur, ses papiers, sa colle et ses ciseaux, à réaliser obsessionnellement la généalogie complète du Mendelssohn, auquel elle souhaite donner, au delà d'une scrupuleuse exactitude, sa marque tout à la fois sociologique et affective :, la table de la salle à manger envahie, le feutre qui finit par s'épuiser, l'oeil vaguement critique des observateurs et des enfants.

La carte des Mendelssohn est un roman historique qui se réclame en même temps de l'autofiction dans un mélange des genres charmeur, mêlant intime et universel, introspection et ouverture, sérieux et drôlerie.
Si on regrette que Diane Meur ait dû se limiter, choisir les destins singuliers qu'elle approfondit pour en éliminer d'autres, on se doute que ces « laissés-pour-compte » alimenteront, directement ou indirectement, les prochaines fictions de Diane Meur, et l'on ne peut que s'en réjouir, ce qui atténue le regret de refermer le livre, qu'on aurait bien accompagné plus longtemps.
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}