Diane Meur vous présente son ouvrage "
Sous le ciel des hommes" aux éditions
Sabine Wespieser. Rentrée littéraire automne 2020.
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sous-le-ciel-des-hommes
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Qu'est-ce que nous recherchons dans l'amour, pour que ça nous fasse mal quand nous ne l'avons pas ?
« Je vous présente mes sincères condoléances, mademoiselle. Voilà encore une dure épreuve pour vous. Madame votre mère n’a pas eu une vie fort gaie; consolez-vous, si vous le pouvez, en pensant qu’elle a sans doute trouvé maintenant la paix. » Elle a hoché la tête, et plus tard seulement s’est demandé ce qu’il avait bien voulu lui dire. Une vie triste, sa mère? C’est une idée nouvelle et déroutante. Sa mère était sa mère, enfin! pourquoi chercher plus loin?
Clara sent couler dans son oreille ces mots qui se réduisent maintenant à un murmure. Ils la bercent, versent en elle une paix qui l’étonne elle-même. (...)
Et douce, tremblante, monte dans son âme, dans ses sens transportés, l’image d’une plaine sans limites ni clôtures, verte de pluie, lourde de fruits, immense, sans fin comme leur amour.
Même un modèle économique aussi solidement établi, aussi triomphant que le capitalisme avancé dans sa version totalitaire passera, lui aussi, pour laisser place à autre chose…Une autre fin possible lui venait en tête. Il ne s’agit donc pas de nous « adapter » au monde de demain : il s’agit de le faire.
Elle s’était approchée du piano, y avait imprimé des gammes chancelantes. Puis elle s’était enhardie, avait repris des morceaux étudiés autrefois.
Et les murs, les rideaux, les corniches qui l’écoutaient s’étaient ligués pour former autour d’elle un écrin protecteur, lui faire oublier tout, hormis le jeune être ardent pour qui elle voulait jouer. Le château, ses habitants, ses menaçants abords n’existaient plus, le souffle de Clara s’accélérait, elle s’abandonnait, sans s’arrêter à ses fautes ni à ses maladresses.
Je rêve peut-être ; mais il m’arrive de penser que si le domaine resta épargné en ce mois de février 1846, ce fut grâce à ces notes pleines d’amour et d’hésitante grâce qui s’échappaient à certaines heures des fenêtres du salon, tombaient sur les champs, jetaient les oiseaux dans un silence interrogateur.
… je suis persuadée qu’en chaque homme, si attaché qu’il soit à l’état présent des choses, sommeille un goût caché pour la secousse qui change le monde et infléchit les vies. Cette secousse encore indistincte, j’affirme que tous, ici, la désiraient sans forcément se l’avouer, comme le corps finit par désirer le coup qu’il sait inévitable, ou comme la pucelle finit par désirer la blessure qui fera d’elle une épouse ou une déchue, mais du moins autre chose.
Encore une qui était tombée sous le charme, C’était la même chose partout: avec son sourire lumineux, sa bonne humeur, son empressement à rendre service, Hossein avait un talent naturel pour se faire apprécier. Et c’était un «bon client», comme on disait dans les milieux du journalisme. Quelqu’un qui ne paie pas forcement de mine, n’a pas forcément grand-chose à raconter si !’on écoute bien, mais qui casse la baraque dès qu’il passe à l’antenne, allez savoir pourquoi.
En somme, elle avait raison: Jean-Marc avait vraiment eu de la chance, avec ce gars choisi presque au hasard. p. 75
"L'histoire est une jungle humide oú l'on perd vite pied et, pour garder les idées claires, mieux vaut s'en tenir à distance, ou tout au plus élaborer des philosophies de l'histoire sans trop regarder ce qu'il y a dedans."
Une pression de main aurait suffi à énamourer cette imaginative si sevrée d’affection; et elle portait assez en elle pour entretenir pendant de longues années un feu sans aliments externes.
Je suis dure, se redit-elle encore. Et elle ne savait plus si c'était un rappel à l'ordre. (N'oublie pas : tu es dure) ou un regret, un reproche. Dure, n'aurait-elle pu l'être moins ? Pour le sable soulevé par le vent de la plaine, ou recueilli par une paume qui le laissait doucement, grain à grain, retomber vers le sol, n'était-il pas une façon de se sentir être, de se sentir être soi ?