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Critique de Noetique01


Voilà un essai qui entend questionner l'être de la question et non la question de l'être. Pour Meyer, ce n'est pas la différence ontologique heideggerienne qui fait historialement question, mais la différence problématologique, c'est-à-dire le rapport de la question à la réponse en tant qu'elle est réponse à la question. le grand impensé de la philosophie occidentale n'est donc pas l'être mais bien plutôt la question socratique, trop vite réduite par le propositionnalisme, c'est-à-dire l'attitude qui vise à considérer le primat des propositions assertoriques. Meyer a ainsi l'originalité de considérer que la métaphysique classique (dans laquelle il range étrangement Heidegger) et la philosophie analytique font tous les deux la même erreur. On pourrait pourtant s'interroger sur ce rejet de l'ontologie, et même sur la possibilité d'une ontologie problématologique : Meyer oublie que la multiplicité n'est pas nécessairement niée ou évacuée dans l'Un-multiple, qu'il y a subsomption et non pas nécessairement résolution au sens de la dissolution du problème telle qu'elle se présente chez Wittgenstein, Heidegger ou Descartes (il reproche à l'ontologie d'éliminer le problème de la multiplicité tout en posant le problème des multiples, alors qu'on peut faire de l'être le problème même, plutôt que l'élément assertorique suprême). Peut-être pourrait-on évoquer le renversement deleuzien du platonisme, qui maintient la teneur du problème une fois sa résolution immanente accomplie. le problème pour la problématologie serait pourtant, comme il est loisible de le penser, l'immanence de la réponse à la question, et la négligence de l'aspect interrogatif et problématique au sein du problème même : le problème demeure toujours, mais sans vraiment poser problème. C'est d'ailleurs ce que critique Meyer chez Descartes : Descartes pose une question problématologique enfermée dans la rhétorique, car il fait du doute hyperbolique une réponse assertorique. Nier la possibilité de douter de soi est alors nier la question originelle, ce qui instaure ainsi une circularité. La réponse serait en effet déjà dans la question, et le doute, sur lequel est censé reposer l'édifice, n'est alors plus vraiment présent ou considéré. Pour Meyer, c'est bien l'interrogation elle-même qui doit constituer le véritable primat, le véritable point de départ philosophique. Alors que Meyer écrit en pleine crise du cartésianisme, il doit justement reposer un tel fondement, qui n'est rien d'autre que le problème lui-même. Mais qu'est-ce que véritablement la différence problématologique ? Il faut distinguer la réponse apocritique, propositionnellement formulable, et la réponse problématologique, qui se réfère directement au problème, à la question. Mais cette différence ne part pas de la réponse elle-même (ce qui serait d'ailleurs retourner dans l'erreur du propositionnalisme), tant et si bien qu'une réponse est à la fois apocritique et problématologique en tant que telle : c'est son rapport à la question qu'il s'agit alors d'élucider. Au fond, l'erreur du propositionnalisme est la suivante : toute référence, à une entité empirique ou à un être, suppose déjà la question, même si elle est refoulée, parce que c'est de quoi il est question qui est ici en question, en tant qu'il est questionné. Qu'est-ce qu'alors l'être de la question pour Meyer ? Un opérateur problématologique.

L'essai est globalement très rigoureux et exhaustif et présente une richesse conceptuelle très correctement formulée. Il est clair à qui sait réfléchir, et on sent que rien n'est laissé au hasard (assertorique).
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