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EAN : 9782130571391
320 pages
Presses Universitaires de France (15/10/2008)
4.33/5   3 notes
Résumé :
La problématologie est devenue au fil du temps le nom d'une nouvelle manière de penser, révélant une nouvelle philosophie, recouvrant autant la métaphysique que l'analyse de la science ou du langage. Elle s'est imposée comme une nouvelle vision de la raison et de son histoire dont l'unité n'est plus le jugement mais la réponse et sa question. C'est l'articulation des deux qui forme le nouveau socle de la raison, comme du rapport au monde, à soi et aux autres. Cet ou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voilà un essai qui entend questionner l'être de la question et non la question de l'être. Pour Meyer, ce n'est pas la différence ontologique heideggerienne qui fait historialement question, mais la différence problématologique, c'est-à-dire le rapport de la question à la réponse en tant qu'elle est réponse à la question. le grand impensé de la philosophie occidentale n'est donc pas l'être mais bien plutôt la question socratique, trop vite réduite par le propositionnalisme, c'est-à-dire l'attitude qui vise à considérer le primat des propositions assertoriques. Meyer a ainsi l'originalité de considérer que la métaphysique classique (dans laquelle il range étrangement Heidegger) et la philosophie analytique font tous les deux la même erreur. On pourrait pourtant s'interroger sur ce rejet de l'ontologie, et même sur la possibilité d'une ontologie problématologique : Meyer oublie que la multiplicité n'est pas nécessairement niée ou évacuée dans l'Un-multiple, qu'il y a subsomption et non pas nécessairement résolution au sens de la dissolution du problème telle qu'elle se présente chez Wittgenstein, Heidegger ou Descartes (il reproche à l'ontologie d'éliminer le problème de la multiplicité tout en posant le problème des multiples, alors qu'on peut faire de l'être le problème même, plutôt que l'élément assertorique suprême). Peut-être pourrait-on évoquer le renversement deleuzien du platonisme, qui maintient la teneur du problème une fois sa résolution immanente accomplie. le problème pour la problématologie serait pourtant, comme il est loisible de le penser, l'immanence de la réponse à la question, et la négligence de l'aspect interrogatif et problématique au sein du problème même : le problème demeure toujours, mais sans vraiment poser problème. C'est d'ailleurs ce que critique Meyer chez Descartes : Descartes pose une question problématologique enfermée dans la rhétorique, car il fait du doute hyperbolique une réponse assertorique. Nier la possibilité de douter de soi est alors nier la question originelle, ce qui instaure ainsi une circularité. La réponse serait en effet déjà dans la question, et le doute, sur lequel est censé reposer l'édifice, n'est alors plus vraiment présent ou considéré. Pour Meyer, c'est bien l'interrogation elle-même qui doit constituer le véritable primat, le véritable point de départ philosophique. Alors que Meyer écrit en pleine crise du cartésianisme, il doit justement reposer un tel fondement, qui n'est rien d'autre que le problème lui-même. Mais qu'est-ce que véritablement la différence problématologique ? Il faut distinguer la réponse apocritique, propositionnellement formulable, et la réponse problématologique, qui se réfère directement au problème, à la question. Mais cette différence ne part pas de la réponse elle-même (ce qui serait d'ailleurs retourner dans l'erreur du propositionnalisme), tant et si bien qu'une réponse est à la fois apocritique et problématologique en tant que telle : c'est son rapport à la question qu'il s'agit alors d'élucider. Au fond, l'erreur du propositionnalisme est la suivante : toute référence, à une entité empirique ou à un être, suppose déjà la question, même si elle est refoulée, parce que c'est de quoi il est question qui est ici en question, en tant qu'il est questionné. Qu'est-ce qu'alors l'être de la question pour Meyer ? Un opérateur problématologique.

L'essai est globalement très rigoureux et exhaustif et présente une richesse conceptuelle très correctement formulée. Il est clair à qui sait réfléchir, et on sent que rien n'est laissé au hasard (assertorique).
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Un essai très complet, très intéressant. L'occasion de rendre hommage à Meyer qui est mort cette année. Sa participation à la philosophie se fait par la réouverture originale de thèmes classiques : en ce sens, il apporte sa pierre à l'édifice - par la problématisation permanente. Mais ce n'est pas n'importe quelle pierre. L'ouvrage de Meyer doit absolument être lu car en plus de caractériser l'histoire de la philosophie il oriente la pensée elle-même.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
« Je préfère associer le terme de rigueur plutôt que celui de méthode. La philosophie n’a pas l’expérience pour se contrôler […] ni […] la formalisation pour s’assurer du vrai et éliminer le faux […]. Que lui reste-t-il sinon la nécessité de se doter de sa propre nécessité, non arbitrairement mais en mettant en œuvre dès le point de départ la nécessité de son point de départ ? En plaçant ainsi les cartes du jeu sur la table, elle offre à ceux qui veulent entrer dans le jeu la liste des règles, et du même coup, elle montre que, même lorsqu’il n’est pas joué, cela fait partie des possibles de ce jeu »

p31
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« L’ontologie est le discours problématologique que la philosophie ne peut tenir, elle ne provient de rien d’autre que l’impossibilité, pour le philosophe, de prendre en charge la différence problématologique. L’analyse et la synthèse font toujours référence à des problèmes ; la dialectique, c’est la même chose moins cette différence »

p96
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« Il reste alors tous les problèmes dont on a parlé, et qui, précisément, nous obligent à partir non du jugement individuel, non de la déduction logique, non du rapport réifié au donné observationnel, mais du problème factuel, de l’interrogativité empirique, et de dégager ce qui la rend scientifique, et qui est la théorie »

p279
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« L’être est l’opérateur de l’interrogation car il indique la différence problématologique. Il ne contraint pas à l’essence, car aucune réponse plus qu’une autre ne se trouve demandée dans la question socratique, devenue ontologique que par impossibilité à réfléchir le questionnement comme tel »

p130
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Une réponse est apocritique quand elle traite d’une réponse, et problématologique lorsqu’elle se réfère à une question.

p207
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