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Critique de candlemas


Michel Meyer, philosophe belge a priori peu connu, signe là un ouvrage fort intéressant, à plusieurs titres.
D'abord, en 144 pages, et sans alourdir le propos de citations inutiles, il propose dans ses références et concepts un dialogue riche entre de nombreux penseurs : partant de questionnements proprement aristotéliciens, il élargit le propos en direction de Freud et Sartre lorsqu'il interroge l'individu et autrui, renvoie à St Augustin ou Max Weber lorsqu'il parle de religion, à Lévi-Strauss, Goffman et aux économistes classiques lorsqu'il met en rapport individu et société, en passant par Karl Marx ou Kant lorsqu'il introduit le sens de l'Histoire.
Ensuite, la richesse de ce dialogue ne perd pas de vue la thèse principale : il s'agit de s'interroger sur l'identité et la différence. Bien entendu, c'est là un questionnement d'actualité, qui a justifié au départ en ce qui me concerne l'intérêt porté à ce livre.
Pour suivre les développements de l'ouvrage, comme bien souvent, il faut se référer au sous titre : religion, art et société. C'est là le fil directeur. Michel Meyer questionne la différence d'abord au coeur même de l'individu, dans son corps et son rapport au divin et à la mort. Questionnement fondamental renvoyant à nos ancêtres et aux premières tombes neenderthaliennes ...Ensuite, fort logiquement, il poursuit sa réflexion autour de la religion, montrant comment le sacré propose une pacification de l'opposition intime identité-différence... sans y parvenir. Puis, avec la montée de l'individualisme et la désacralisation, il substitue chronologiquement l'art à la religion. L'art tente d'exprimer -et donc résoudre- l'intime conflit entre individualité et différence, mais n'y parvient pas non plus, car en perpétuelle évolution, dans le mouvement de l'Histoire, perçue comme grammaire que comme philosophie à part entière.
Enfin, cette grammaire historique le conduit à appréhender la différence sous l'angle des rapports sociaux à un instant T, et des mouvements qui viennent ébranler les rapport établis, cela d'autant plus vite dans les sociétés démocratiques contemporaines. En transposant des concepts d'économiste à une réflexion sur les société démocratique, il développe alors une thèse intéressante décrivant le régime démocratique comme un peu "schizophrène", prônant à la fois le respect de la différence, le droit à la différence, et cherchant à la fois à gommer cela au nom de l'égalité et du vivre-ensemble. C'est là sans doute, pour moi, la partie de son ouvrage la plus actuelle, qui renvoie chacun à une réflexion sur la morale, l'éthique, et la justice.
Ce livre, comme il l'écrit lui-même, ne donne pas UNE solution, dans la tradition de la Critique de la Raison Pure ou Pratique, mais DES réponses à différents niveaux, à interpréter par chacun dans sa vie intime, religieuse, interpersonnelle ou citoyenne, dans la tradition d'Aristote et des penseurs antiques. Suivant sa conclusion, un ouvrage non moderne mais contemporain...
A titre de conclusion personnelle, ayant ouvert ce livre par intérêt pour le thème, je le referme avec la satisfaction d'avoir assisté à un dialogue large, bien structuré -et donc facile à suivre-, qui me conforte dans mon goût pour les philosophes anciens en vue de mieux comprendre le présent.
Je ne me suis ennuyé qu'à la lecture des 2 courts chapitres relatifs à l'art... trop "intellectuels" à mon goût...
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