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EAN : 9782253943051
153 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3/5   1 notes
Résumé :
On n'a jamais autant parlé de différence : différences entre les hommes, entre les nations, entre les époques. Y a-t-il une grammaire de la différence qui puisse servir de clé l l'histoire et à la géographie où se jouent toutes ces différences ? Telle est la question fondamentale qu'aborde le livre de Michel Meyer.
La différence est nécessaire et insupportable à la fois. Comment vivre avec, puisqu'on ne peut vivre sans ? Le dilemme. Il faut pouvoir penser la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Michel Meyer, philosophe belge a priori peu connu, signe là un ouvrage fort intéressant, à plusieurs titres.
D'abord, en 144 pages, et sans alourdir le propos de citations inutiles, il propose dans ses références et concepts un dialogue riche entre de nombreux penseurs : partant de questionnements proprement aristotéliciens, il élargit le propos en direction de Freud et Sartre lorsqu'il interroge l'individu et autrui, renvoie à St Augustin ou Max Weber lorsqu'il parle de religion, à Lévi-Strauss, Goffman et aux économistes classiques lorsqu'il met en rapport individu et société, en passant par Karl Marx ou Kant lorsqu'il introduit le sens de l'Histoire.
Ensuite, la richesse de ce dialogue ne perd pas de vue la thèse principale : il s'agit de s'interroger sur l'identité et la différence. Bien entendu, c'est là un questionnement d'actualité, qui a justifié au départ en ce qui me concerne l'intérêt porté à ce livre.
Pour suivre les développements de l'ouvrage, comme bien souvent, il faut se référer au sous titre : religion, art et société. C'est là le fil directeur. Michel Meyer questionne la différence d'abord au coeur même de l'individu, dans son corps et son rapport au divin et à la mort. Questionnement fondamental renvoyant à nos ancêtres et aux premières tombes neenderthaliennes ...Ensuite, fort logiquement, il poursuit sa réflexion autour de la religion, montrant comment le sacré propose une pacification de l'opposition intime identité-différence... sans y parvenir. Puis, avec la montée de l'individualisme et la désacralisation, il substitue chronologiquement l'art à la religion. L'art tente d'exprimer -et donc résoudre- l'intime conflit entre individualité et différence, mais n'y parvient pas non plus, car en perpétuelle évolution, dans le mouvement de l'Histoire, perçue comme grammaire que comme philosophie à part entière.
Enfin, cette grammaire historique le conduit à appréhender la différence sous l'angle des rapports sociaux à un instant T, et des mouvements qui viennent ébranler les rapport établis, cela d'autant plus vite dans les sociétés démocratiques contemporaines. En transposant des concepts d'économiste à une réflexion sur les société démocratique, il développe alors une thèse intéressante décrivant le régime démocratique comme un peu "schizophrène", prônant à la fois le respect de la différence, le droit à la différence, et cherchant à la fois à gommer cela au nom de l'égalité et du vivre-ensemble. C'est là sans doute, pour moi, la partie de son ouvrage la plus actuelle, qui renvoie chacun à une réflexion sur la morale, l'éthique, et la justice.
Ce livre, comme il l'écrit lui-même, ne donne pas UNE solution, dans la tradition de la Critique de la Raison Pure ou Pratique, mais DES réponses à différents niveaux, à interpréter par chacun dans sa vie intime, religieuse, interpersonnelle ou citoyenne, dans la tradition d'Aristote et des penseurs antiques. Suivant sa conclusion, un ouvrage non moderne mais contemporain...
A titre de conclusion personnelle, ayant ouvert ce livre par intérêt pour le thème, je le referme avec la satisfaction d'avoir assisté à un dialogue large, bien structuré -et donc facile à suivre-, qui me conforte dans mon goût pour les philosophes anciens en vue de mieux comprendre le présent.
Je ne me suis ennuyé qu'à la lecture des 2 courts chapitres relatifs à l'art... trop "intellectuels" à mon goût...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Déjà, avec la religion, on a pu constater que la différence qu'elle prétendait avaler et résoudre demeurait de plus en plus problématique au bout du compte. Il en va de même en art. Que s'est-il passé ? Les différences se sont accrues. Elles ont gagné l'ensemble des sociétés occidentales. L'individualisme et le fruit de la différenciation comme effet de la mobilité sociale. la différence fait peur alors même que chacun en profite ou s'en réclame.
La différence est aussi le concept clé du social, et même du politique. Chaque individu est différent des autres, et sa différence doit être sauvegardée et protégée. Mais elle doit aussi pouvoir s'affirmer de façon positive. Il y a un côté négatif et un côté positif au droit à la différence qui est, respectivement, le politique et le social. il ne faut pas les mélanger. La différence ne donne aucun droit social compensatoire parce que politiquement à protéger : seule la compétence autorise une circulation sociale positive, et faute de cette compétence, l'envie devient inéluctable, et si les conditions politiques se trouvent réunies, on aura le totalitarisme qui transformera en droit légitime la volonté de faire payer ceux que l'on envie, moyennant l'idéologie adéquate, comme le racisme par exemple, l'antisémitisme, la haine a priori, comme celle qui porte sur la classe, pour prendre l'exemple stalinien.
(De nos jours), la différence, mise à distance par le droit, la religion et l'économie , est régulée par eux, chacun pouvant être soi-même sans avoir à faire face à une différence qu'il ne peut assumer mais à laquelle il est néanmoins confronté, et même soumis. (...) On peut se demander si l'abolition de la différence, sa prise en charge (au sein de ces trois systèmes) se passe toujours Justement. ON dit que le marché est ce qu'il y a de mieux, que la religion assure la sérénité, que le droit est garant de la paix civile. (...) Il n'empêche. L'Histoire creuse les différences, et il n'y a aucune raison pour qu'elles ne pénètrent pas au coeur de ces systèmes, brisant l'harmonie et l'équilibre qu'ils sont censés rendre effectifs.
Ces systèmes résolvent-ils la différence ou permettent-ils à chacun de l'exprimer ? Quand on se repose cette question, on passe du systémique au pragmatique. Certains individus peuvent jouer avec le droit, l'économie et la religion, se jouer d'eux à leur profit, les investir pour exercer LEUR différence. A l'inverse d'autres peuvent utiliser ces systèmes contre les excès et les injustices issus des déséquilibres historiques, et même, s'atteler à réformer ces systèmes, dans le but d'une plus grande justice (...).
Chacun décide de façon pragmatique comment il va agir, quitte alors à se heurter à l'Autre, dans un face-à-face où l'identité et la différence vont déboucher sur les plus extrêmes passions (...). C'est ici que se noue la question des rapports entre morale, éthique et justice. (...)
Les hommes sont différents, les peuples sont différents, et on ne peut faire l'impasse sur le droit à la différence. La seule façon d'y répondre n'est pas de la nier, mais de la rendre compatible avec l'égalité de tous les hommes en tant que personnes libres.
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La différence est honorée parce qu'elle doit être mise à distance et qu'elle fait peur, et sacrifiée pour que se rétablisse l 'ordre social. Serait ce là l'origine de la distinction entre le religieux et le politique ? Pour qu'une telle distinction puisse voir le jour, il faut que la différence sacrée ne soit plus sacrifiée, que le sacrifice soit détourné du religieux par le religieux sur autre chose que surle chef, que sur le pouvoir. Le respect de la différence remplace alors la volonté de l'abolir et le sens de la dette s'inverse : ce n'est plus le roi qui est débiteur vis à vis du groupe, mais c'est l'inverse. (...) les maîtres s'efforcent ainsi de perdurer autant que de survivre, en déplaçant le poids de la dette, créé par la différence, sur autre chose qu'eux-mêmes.
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La différence est le corps que l'on est et que l'on ne voudrait pas être (...) ; (elle) est le passage obligé du Moi, de la construction de son identité, mais en tant que différence, elle est aussi ce que le sujet rejette comme l'obstacle à l'identité avec la mère, désormais médiatisée par le père, par la famille-amour (...) . Pour faire face à une différence que l'on cultive et rejette à la fois, les hommes ont inventé une différence essentielle qui les recouvre toutes et qui permet, précisément, de faire la différence : ce sont les concepts de bien et de mal. (...) Négocier la différence est la seule façon que le Moi a de se construire. Il en va de l'individu comme des sociétés.
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