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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"...et il rencontra son propre regard,
sans sombrer dans la folie."

Etrange lecture !
Si vous espérez vous délecter de la vieille légende pragoise de Golem, créé sous le règne de fantasque Rodolphe II par le savant rabbi Löw, avec la glaise ramassée sur les bords de la Vltava... passez votre chemin !

Mais il serait peut-être intéressant de préciser que ce colosse sans âme - animé par Shem Ha-meforash, un billet magique glissé dans sa bouche - servait à la protection du ghetto et aux travaux difficiles. Mais, parfois, son contrôle échappait des mains du Maître, et il partait semer la terreur dans les rues...
... cela pourrait être utile pour la compréhension de roman de Meyrink (1915), l'auteur qui a beaucoup puisé dans Hoffmann, Poe, ses propres (non-concluantes) expériences occultes, et qui est souvent considéré comme un précurseur de Kafka.

"Le Golem" de Meyrink est de toute évidence un roman "initiatique", même si je n'aime pas trop utiliser ce mot.
Et c'est une lecture difficile - car tout se passe comme derrière une couche de brouillard. Dès le premier chapitre, nous sommes jetés dans les eaux profondes et boueuses du récit, et il faut s'accrocher fermement à la ligne conductrice, afin que l'histoire n'éclate pas en tas d'images décousues.

Parfois, il suffit peu pour se retrouver à la frontière entre le rêve et la réalité, la raison et la folie.
Comme le narrateur de "Golem", qui met par erreur le chapeau du tailleur de pierres précieuses Athanasius Pernath, pour revivre une histoire vieille de trente ans...
En essayant de comprendre ce qui lui arrive, il rencontre les personnes savantes, les femmes angéliques et les gens répugnants, dont chacun peut être considéré comme une part de son propre reflet.
Meyrink mélange dans son histoire le Talmud, la Kabbale, l'alchimie et le Tarot; la culture tchèque, juive et germanique.
C'est une fantasmagorie mystique remplie de symboles compliqués.

On attend Golem surgir à tout moment, mais tout au plus, on aperçoit son ombre accroupie silencieusement sous l'escalier. La terre et la boue dont il est fait restent dans les ruelles mystérieuses du ghetto de Prague, où les maisons sont "bâties sans ordre, comme la mauvaise herbe qui sort de la terre au hasard". Où habitent les gens qui ressemblent à des ombres, "les créatures qui ne sont pas nées d'une mère, qui semblent, dans leurs actes et leurs pensées, d'être composées de particules sans ordre."

Etrange lecture, encore une fois...
Pourquoi Meyrink a-t-il choisi la légende de Golem ?
C'est pour insuffler la vie dans quelque chose de non-vivant dans l'esprit de son lecteur ?
Est-ce une coïncidence, que la légende est connectée avec le quartier mystérieux, caché quelque part dans le dédale des ruelles de la Vielle ville ?
Et souvenez vous que celui qui voit le Golem, voit son double...
L'atmosphère grise et opaque de ce roman est difficilement qualifiable.

Dommage que la Vieille ville juive à Prague n'existe plus, et que la maison blanche dans la Ruelle d'Or n'est plus visible que contre une somme adéquate, derrière une foule de touristes...

Après une courte hésitation, je donne tous les cinq pentacles !
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