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Critique de Ahoi242


Dans Electrosound : Machines, musiques et cultures, à la question de Jean-Yves Leloup*, « Y-a-t-il dans votre domaine [la musique], des territoires qui restent encore inexplorés », François Pachet, directeur du SONY CSL (Computer Science Laboratory), apporte la réponse suivante : « Il y a la question fondamentale de savoir pourquoi on aime ou n'aime pas ceci ou cela. La cognitions des goûts, quoi. Qui a toujours été un problème traité par la sociologie. Elle a des choses à dire, mais il y a beaucoup de choses à dire en dehors de la sociologie. La cognition du goût n'est quasiment pas explorée. C'est d'ailleurs ce qui me passionne depuis toujours » (p. 197).

Cette question de la cognition du goût concerne bien d'autres domaines que la musique et en particulier la littérature. Après tout, une réponse serait de rappeler que « de gustibus non est disputandum » - ce qui permet d'éviter les jugements de valeur du type : « Tu lis [l'auteur de votre choix] ?!!! Mais c'est une bouse ???!!! » - le terme de bouse me rappelle la vidéo « La musique c'était mieux avant »** de e-penser - et qu'il est difficile d'expliquer pourquoi on aime ou n'aime pas un livre.

Il y a 18 ans j'ai lu Ceux de la vierge obscure de Pierre Mezinski. Lorsque je devais faire de la place dans ma bibliothèque et me séparer de livres - le manque de place serait bien la seule raison qui me ferait adopter la lecture sur tablette -, j'ai toujours sauvé ce livre ; aujourd'hui devant économiser de l'espace, je vais encore le sauver et le conserver.

Dans mon souvenir ce livre ne m'a pas laissé un souvenir impérissable : c'est une enquête moyenne et honnête au cours de laquelle Aguilar, un ex-commandant du « service action », entre en contact avec le milieu des sectes dont l'une d'elles a enlevé son épouse.

C'est le seul livre de cet auteur - par ailleurs, auteur de livres pour la jeunesse - que j'ai lu - a priori, Ceux de la vierge obscure était le premier volet d'une série, « La Fraternité Lucifer », mais je ne trouve pas traces d'une quelconque suite.

A priori, rien ne destine à ce que je sauve ce livre - l'écriture est correcte sans des qualités exceptionnelles, l'intrigue est quelconque. Pourtant je sauve régulièrement ce livre pour au moins deux raisons. Tout d'abord, il y a la dédicace du livre « Ce livre est dédié aux chasseurs à l'arc. Aux hommes libres, aux individus. À ceux qui ne veulent pas faire le bonheur de l'humanité, et qui se tiennent loin des bandes, groupes, partis, ligues et loges, clubs et sectes » dans laquelle je me reconnais. de loin, il y a un peu de la figure du Waldgänger de Jünger dans cette dédicace, dans ces chasseurs à l'arc. Surtout un des personnages, Walder, mi-gérontologue, mi-gourou, s'exclame : « On peut prévoir n'importe quoi, dit tout à coup le gros, à très haute voix , très lentement, articulant ses mots sans la moindre trace d'accent. On peut prévoir n'importe quoi : une guerre, une révolution, mais pas les conséquences d'une chasse au loir en automne… » (p. 40). Depuis que je l'ai lu, cette phrase - la partie « On peut prévoir n'importe quoi : une guerre, une révolution, mais pas les conséquences d'une chasse au loir en automne… » - s'est imprimée dans mon cerveau et se rappelle régulièrement à ma mémoire. Rien que pour l'impossibilité de prévoir - à ce sujet la lecture de Prédire n'est pas expliquer de René Thom est instructive - les conséquences d'une chasse au loir en automne, j'aime ce livre et continuerai de le sauver.

* Le journaliste et musicien pas le théologien.
** https://www.youtube.com/watch?v=NiPSK4sOQ3s
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