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Critique de SistaLor


Le Mboassu est un pays imaginaire d'Afrique équatoriale anciennement colonisé sorti tout droit de la tête de Leonora Miano. Camerounaise d'origine, elle vit en France depuis 1991. Elle refuse le misérabilisme et se tourne résolument vers la nouvelle génération, porteuse d'espoir. Dans ce roman, la scène se déroule après une longue guerre, le pays étant exsangue et les enfants, les premiers à en souffrir. En effet, incapables de les élever, leurs parents les chassent, prétextant qu'ils leur portent malheur, qu'ils sont ensorcelés.

"Elle était venue aussi, Sésé. La prétendue voyante, la diseuse de nos mésaventures. le jour où tu m'avais pendue à cet arbre, tu n'avais pas encore eu le courage de me m'ôter la vie. Tu m'avais seulement battue jusqu'à ce que je perde connaissance. Tu m'avais ensuite détachée pour laver mes plaies en pleurant, et mise au lit en murmurant que maintenant tout se passerait bien. le démon qui m'obligeait à me repaître de vies humaines m'avait quittée. Je deviendrais bientôt une enfant comme les autres, et on n'aurait plus besoin de m'emmener à l'hôpital pour soigner ce mal incurable qui me rongeait le sang."

Victime expiatoire des adultes, ces enfants vivent dans la rue où règne une violence quotidienne: tel est le destin de Musango, une fillette de 9 ans que sa mère abandonne suite au décès de son compagnon de fortune. Traînant avec les enfants de la rue, la petit fille partage la vie quotidienne des orphelins livrés à eux-mêmes. Elle découvre l'horreur des enfants soldats, les sectes et ces filles envoyées en France se prostituer. Durant trois années, elle sera recueillie par plusieurs personnes, parfois malveillantes qui cherchent à l'exploiter, parfois à l'inverse synonymes d'une conscience à jamais gravée dans la tête et le coeur des hommes.

"Où aller en partant de nulle part? Je peinerais à leur expliquer ce qu'il m'est impossible de prouver mais que je sens en moi: qu'être au monde confère le droit de vivre. Qu'exercer ce droit doit signifier un peu plus que repousser comme on peut la mort qui finira quand même par avoir le dessus. Qu'il faut chercher ceux qui ne vous cherchent pas, marcher vers les autres. Il y aura bien quelqu'un, même ici. Toutes les portes ne sont pas fermées. Tous les regards ne fixent pas les ténèbres. Toutes les bouches n'appellent pas la fin du monde. Tous les coeurs ne sont pas irrémédiablement glacés. Il y a encore un battement, quelque chose qui se dresse contre les apparences, qui voit par-dessus leur épaule, une autre vérité. Sur notre terre brûlée, quelque chose pousse encore. Je n'ai cessé de le voir, depuis que tu m'as chassée. J'ai rencontré Kwin, Ayané, Wengisané, Mme Mulonga. J'ai même appris de Kwédi. Elles ne pouvaient pas tout, mais elles pouvaient beaucoup. Elles étaient la lumière frêle mais indéniable, qui brille sur l'autre face de l'obscur."

La jeune fille, dont le prénom signifie “paix” en Douala, cherche à revoir sa mère et essaye de lui pardonner. Musango va se construire son identité, en renaissant par elle-même, au plus profond de l'âme de ce continent.

"Tu as lambiné comme je le fais maintenant, avant de te rendre là où il fallait bien que tu ailles, puisqu'on ne pousse pas sans terre. C'est là que mes pas me conduisent, après une longue marche dans Sombé. Je découvre la ville comme je ne l'ai jamais connue, et même pas supposée.
"
Lien : http://lorrecrietic.tumblr.c..
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