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Critique de sandrine57


Eté 1967. Boundary Pound fait le bonheur des vacanciers. du soleil, un lac entouré d'une forêt profonde. Nature et farniente, chasse et pêche, confitures et barbecues. Ils s'appellent Duchamp ou McBain, Larue ou Latimer, viennent du Maine ou du Québec et partagent tous la douceur de vivre de ce lieu paradisiaque. Les femmes préparent des tartes, les enfants barbotent et les maris arrivent pour le week-end pour un repos bien mérité. Andrée est encore une enfant même si elle se donne des airs de grande et rêve de s'immiscer dans le duo formé par Zaza Mulligan et Sissi Morgan. Une blonde, l'autre rousse, deux gamines tout juste sorties de l'adolescence qui exhibent leurs longues jambes, chantent les Beatles à tue-tête, cigarettes fines au bec. Andrée les admire, les femmes leur jettent des regards réprobateurs et les hommes tentent de cacher la convoitise honteuse qu'elles allument dans leurs yeux. Rien de grave, rien de bien méchant. Mais tout bascule le jour où Zaza disparaît jusqu'à ce qu'un promeneur la retrouve dans les bois. Morte, la jambe coincée dans un piège à ours, elle s'est vidée de son sang. L'enquête menée par Stan Muchaud et son adjoint Jim Cusack conclut à un accident. Mais la quiétude de l'été a disparu avec Zaza. On s'inquiète, on organise des battues pour déloger les pièges, on déterre les histoires du passé. Celle de Pierre Landry, un déserteur qui voulait échapper à la seconde guerre mondiale et s'est réfugié dans les bois de Boundary. Un trappeur, un ermite, un sauvage, mort d'amour pour les beaux yeux d'une estivante qui ne l'aimait pas en retour. Son fantôme a-t-il tendu un piège à Zaza ? Quand une deuxième jeune fille disparaît, le doute n'est plus permis. Ce n'est pas un fantôme qui lui a rasé la tête et coupé la jambe...Michaud revient et cherche un meurtrier.

Quel magnifique roman ! Grâce à sa plume alerte et sensuelle, sa langue colorée mixant anglais et français, Andrée Michaud nous emmène avec elle au bord de ce lac qui marque la frontière entre Canada et Maine, dans les petits chalets habités par les familles d'estivants, au coeur de la forêt profonde qui l'entoure et contribue au mystère des lieux. C'est dans ce décor bucolique qui invite au farniente ou à l'exploration de la nature qu'elle instille discrètement un parfum de drame. Malgré les enfants qui s'ébattent dans les eaux du lac, les femmes qui confectionnent à tour de bras tartes et confitures, les hommes bienheureux qui viennent goûter ici au repos du guerrier, il y a quelque chose de pourri à Boundary, une odeur de mort qui vient peut-être de la triste histoire de Peter Landry...A la suite de ses personnages si attachants, du flic surmené, hanté par une affaire non résolue et profondément humain, à la petite Andrée qui fait une entrée fracassante dans l'âge adulte, jusqu'à ces mères autoritaires et protectrices dignes représentantes de la bonne ménagère des années 60, on parcourt les sentiers de Boundary, on profite de la chaleur estivale et puis on craint le pire, on cherche un coupable, on voit voler en éclat la douce langueur d'un dernier été au bord du lac.
Bref, plus qu'un polar c'est un roman d'atmosphère, extrêmement bien écrit, aux personnages marquants, dans un décor dépaysant. Un coup de coeur.
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