Citations sur Journée exceptionnelle du déclin de Samuel Cramer (34)
Entend-on encore cette expression un peu désuète, " avoir un jardin secret" ?
Notre époque ne se vit plus qu'à l'extérieur. De là sans doute le goût majoritairement répandu de la baie vitrée et de la cuisine américaine. Parler de vie intérieure, c'est presque passer pour un dingue ou un illuminé. (p. 127)
Michel [Houellebecq] aussi est devenu très triste, très flou (...) -Soumission. L'homme prosterné devant son désespoir. Sa totale démission. Là, je ne sais pas le suivre. Je ne veux pas le suivre. Je crois qu'il est arrivé, depuis quelques livres déjà, à l'endroit où l'écrivain doit se taire et l'homme doit se sauver. Aphasie de Baudelaire, Abyssinie de Rimbaud. Conversion de Huysmans. (p. 117)
Je la regarde. Tristesse. Elle monte comme une marée. La môme quitte le port. Et moi qu'elle appelait l'Amiral parce qu'elle avait eu, un jour, le goût de mes voyages, moi, je reste à quai.
La maladie est dans la vie, elle parle de la vie, elle parle des hommes en entier, du monde comme il va et de l'individu au point où il en est, avec lui-même et dans son empathie avec le monde. (...)
Dawn aussi n'y comprenait rien. Dawn ne voulait pas croire qu'on peut tomber malade de regarder le monde comme il est. (p. 125)
Samuel cramer, c'est l'écrivain difficile, celui qui ne supporte pas le bruit, a besoin de solitude, oublie de manger quand il écrit, veut la vie profonde et laborieuse. (p. 81)
« J'aime la nuit.Parce que vous dormez et que je veille. Parce que votre sommeil m'offre une solitude sans tristesse. »
La nuit espère, la nuit pleure.
La nuit tangue, l'homme vacille, c'est tout. (p. 168)
Tôt, les livres m'avaient pris tout le cœur et l'esprit, le corps même.
En famille, une phrase souvent entendue semblait, pour les adultes,résumer et expliquer tout : " Il a parlé avant de savoir marcher". Personne ne soupçonnerait jamais quelle terrible maladie s'était signalée dans ce fait. La concentration ultime de tout mon être vers cet unique objet qu'était la lecture me donnait, dans mes
rapports avec autrui, une apparence de grande douceur, n'ayant aucune énergie à placer dans les conflits ou les discussions sans importance. (...)
Puis l'écriture me prit. Ma vie ressemblait enfin à ce que j'en attendais depuis ce jour où, en lisant, j'avais senti la présence du mot, le compagnonnage sans question entre moi et le verbe. La grammaire me parlait depuis toujours comme une mathématique. Comme une métaphysique. (p. 100)
J'aime la nuit. Parce que vous dormez et que je veille. Parce que votre sommeil m'offre une solitude sans tristesse.
La nuit, je n'ai jamais froid. La nuit, j'aime mes semblables que je déteste pendant la journée. (p. 154)
« Les bottes c'est mieux que la robe.C'est pire.ça donne dans le sens interdit.ça anticipe le spasme, ça dessine le mouvement, ça trace le déplacement. »