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Critique de MarcoKerma


1er livre de Claude Michelet que je lis (et peut-être le dernier ?). Intéressé par le sujet et curieux de voir comment il décrit la longue histoire des paysans en 370 pages. La forme est intéressante : des présentations des différentes périodes puis une histoire, une tranche de vie de personnages censée rendre plus concrète la vie des paysans. Intéressant et plutôt plaisant à lire. Michelet s'est documenté dans nombre de livres d'historiens (dont Georges Duby). J'ai trouvé que son style n'avait guère de défauts.. mais je n'y ai pas non plus trouvé de charme.
Un (gros) bémol : la lettre, à la fin, du grand-père, censé être écrite en 1985 (mais le livre est paru 10 ans plus tard, 2 ans avant la parution du dernier tome de la saga familiale à succès (Des Grives aux Loups etc.. qui se passe à Saint-Libéral, nom d'une chapelle de Brive-la-Gaillarde, nom choisi par Cl. Michelet et qui, en alliant la Religion et une idéologie économique, est peut-être révélateur de l'opinion de l'auteur), famille dont ce grand-père fait partie (les Vialhe). Cette lettre est celle d'un homme déçu et en colère (comme Claude Michelet ?) qui concentre tous les coups de gueule - voire les haines - entendus ça et là dans "le monde paysan" (guillemets car ce monde est loin d'être homogène, entre, schématiquement, l'omniprésente FNSEA productiviste, de droite, et la Confédération Paysanne, écologiste et de gauche). le personnage fustige les "bureaucrates de Bruxelles", la PAC etc, en omettant de dire certaines vérités : passage express sur le "remembrement", aucune critique du Crédit Agricole (qui a poussé les paysans - pardon, les "agriculteurs" - à s'endetter puis les a trop souvent lâché quand ça allait mal, oubli de dire qu'il y aussi des "exploitants" avides et cupides (la richesse des grands éleveurs de porcs à la fin des années 80..), omission sur l'absence de questionnement sur les effets des produits chimiques pour "exploiter la terre au maximum" etc.. Bref j'ai trouvé que ce laïus était partiel et partial, caricatural, simplificateur et disons-le assez nauséabond (toujours le même argument utilisé aujourd'hui : "on nous a demandé de nourrir les gens". C'est vrai mais ça n'excuse pas tout). Et je ne suis pas loin de supposer que c'est proche des idées personnelles de l'auteur, qui a un caractère bien trempé, " s'en fout de se faire des ennemis" et n'a pas l'air de se poser beaucoup de questions sur ce qui a été fait après guerre, comme s'il se laissait entrainer par son conscience du fait que les paysans ont énormément souffert au long de l'Histoire (ce qui est vrai et Claude Michelet le redit bien, après Duby etc) et qu'ils étaient forcément toujours les dindons de la farce organisée par des intellos et des politiques qui n'y connaissent rien. J'ai peut-être tord mais d'après ce que j'ai compris, ça n'est pas si simple que cela (les agriculteurs seraient toujours des victimes).
Du coup, cela ne me donne pas trop envie de lire les succès d'un écriveur (c'est le terme qu'il préfère à "écrivain", trop "intello" sans doute) qui me semble assez réactionnaire, conservateur et finalement malhonnête face à la vérité de la réalité.
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