«
Je veux me divertir » c'est éditée, seule, une des quatre histoires de «
Maîtres et serviteurs ». C'est Watteau dans ses dernières années, raconté par Charles
Carreau, curé de Nogent où Watteau séjourna à deux reprises, où il mourut.
A leur première rencontre, Watteau aurait demandé au curé de poser pour lui, peignant son visage en deux jours, et le curé aurait découvert sa figure tout en haut du corps immense et nigaud du Gilles, du Pierrot blanc.
«
Je veux me divertir, » ce serait la face cachée de Watteau imaginée par
Pierre Michon, que le curé de Nogent révèlerait. Ce serait donc les oeuvres que Watteau refuserait de laisser à la postérité. Ce serait le côté sombre, très tôt malade, toujours insatisfait, du peintre qui aurait donné le change avec ses toiles inspirées de la commedia dell'arte et des fêtes galantes, mais que le curé aurait percé à jour :
« L'ombre rose du pommier se penchait sur lui ; et d'autres doucement l'entouraient, pommés, vastes et frissonnants comme des robes peintes ; le temps bleu régnait autour, fumait sur des feuillages neufs ; tout, cette fois, était ce qu'il peignait, sauf lui. »
Ecriture incomparable de
Pierre Michon.