Le féminin, problème ou devenir ?

En fait, la névrose est un conflit entre ces deux tendances, le besoin et l'incapacité d'aimer.

Rien ne permet de dénier à l'état amoureux qui apparaît au cours de l'analyse le caractère d'un amour "véritable". Cet amour était déjà installé, la résistance ne l'a pas créé ; elle l'exploite et en aggrave les manifestations, ce qui donne la mesure de la répétition des réactions infantiles. Il n'existe pas d'amour, quel qu'il soit, qui n'ait son prototype dans l'enfance. Cependant , l'amour de transfert présente quelques traits propres qui lui assurent une part à part.

Freud pose comme principe de laisser, chez l'analysante, subsister besoins et désirs en tant que forces motrices favorisant le travail et le changement.

Aux prises avec le transfert, Freud et Jung se font écho de leurs interrogations. Chacun y répond à partir de ses propres présupposés et de son histoire. Freud avance la loi paternelle, Jung avance le féminin et ses possibilités de ressourcement avec ses propres limites. En premier, l'analyste reçoit le projections parentales dans une atmosphère incestueuse jamais dépourvue d'un aspect érotique ou proprement sexuel.

Avec l'ombre, ce sont les projections particulièrement négatives qui prennent leur place dans le nécessaire travail de conscience. Le but mpele de la démarche analytique, un plus de conscience pour un plus d'être, provoque l'envahissement des parties faibles de la psyché par l'ombre. Nous rencontrons là le refoulé freudien avec l'histoire personnelle du sujet, le roman familial. Mais avec l'activation, dans le transfert, des contenus de l'ombre (négatifs et potentiels à provoquer un conflit d'opposés. La question n'est plus de savoir si l'on peut ou doit se séparer de l'ombre, mais bien comment vivre avec, autrement dit savoir comment et de quelle manière "je peux" faire mal à l'autre, à l'extérieur ou en soi, dans une nouvelle complexité.

Dans le transfert est recherchée l'unité ou l'union de l'être avec soi-même, dont la figure symbolique est l'inceste..

Dans l'opposition de la nature à l'esprit, c'est Éros (la daimon, qui relie haut et bas) qui assure la conjonction de ces deux opposés, esprit et matière. Eros travaille à maintenir la cohésion et l'unité de la psyché, il est chez Jung éminemment féminin ; il unifie le sexuel et le spirituel et, encore une fois, ce n'est pas la pulsion de mort qui s'oppose à Eros, c'est la volonté de puissance.

Tout se passe comme si l'inconscient était cet élément de nature qui tend vers une intégration de ses contenus, en faisant accéder l'individu à une plus grande entièreté par un niveau supérieur de conscience, à condition que le moi participe de cette intégration. Le transfert lui-même appartient pour une bonne part aux phénomènes instinctuels en tant que participant au monde. Et le transfert inconscient pour l'analysant qui commence son analyse est, pour l'analyste, une conscience à mettre en oeuvre et à tenir. Ce pour quoi Jung ne parle pas en termes de "contre-transfert" : pour lui, la relation est celle de deux personnes en évolution.

L'individu plongé dans l'ombre la plus épaisse ne voit la lumière qu'à l'extérieur ; la mélancolie (la noirceur, ou nigredo) est un effet du contact avec les contenus de l'ombre, mais c'est à partir de ce contact que la transformation des contenus peut se faire : "L'endroit où le malade tombe n'est pas quelconque ; à cette place même se trouve un trésor englouti, seul un plongeur peut le retirer".

Mais remarque Jung très à propos, "à proprement parler on ne fait jamais une projection , elle se produit, elle est simplement là. Dans l'obscurité de quelque chose d'extérieur, je découvre, sans la reconnaître, ma propre vie intérieure ou psychique".