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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
*** Chronique de la rentrée 2019 # 2 ***

426e page… J'y suis arrivé. Après ma pause à la page 100, je persiste et signe : Luis Miguel Rivas a développé, pour ce roman, une écriture, à mes yeux, horripilante. Dès les premières pages, je me heurte à ce qui s'apparente à un mépris total des règles grammaticales et des conventions d'écriture. L'usage de la ponctuation est en conflit permanent avec les lois qui la régissent. Les termes choisis relèvent très, trop souvent, d'un anglais pauvrement francisé, d'une altération systématique des marques existantes et des paroles de chansons qui illustrent le récit. La lecture en devient lourde et vide de toute valeur ajoutée enrichissant le propos. de la même façon, l'usage du verlan, récurrent, n'apporte rien à la caricature des personnages de Manolo et Yovani, une paire des glandouilleurs ne vivant que pour la frime, le port ostentatoire de vêtements de marque alors qu'ils manquent de travail et de moyens.
Que cache ce choix d'une apparente pauvreté de style ? Est-ce une provocation ? Une manière, un peu paresseuse , de suivre l'évolution d'un parler populaire ne se donnant plus la peine d'un phrasé construit, riche et respectueux des règles ? Ou, plus tristement, est-ce seulement une écriture décalée qui permet à l'auteur visant la comédie, le burlesque, de se différencier de ses confrères et d'attirer de la sorte le regard des consommateurs du ‘monde littéraire' sur sa production ?
Le roman se déroule à Villaradieuse, une petite ville de Colombie que se partagent deux Caïds de la drogue, Don Efrem et Moncada. Anciens partenaires en affaires devenus ennemis jurés, ils ne communiquent plus entre eux qu'à coups de bombes, de prises d'otages et, plus souvent encore, d'exécutions violentes. A Villaradieuse, certains tuent plus qu'ils ne respirent !
Que doit voir le lecteur dans ce roman ? Une apologie de la combine, de la violence ? le fond du récit se limiterait-il au double message : D'une part, la vie se construit sur la vengeance et la ferme volonté d'écraser toute opposition par la force et dans le déni des lois et du droit de vivre de chacun et, d'autre part, la vie ne vaut la peine d'être vécue qu'au travers le cosmétique du paraître et la recherche éperdue de ‘secondes peaux' étiquetées chevinon, naïke, versache ou autre disel, lacost et ribouks fristaïls ? Triste monde !
J'avoue avoir très vite eu l'impression d'avoir fait le tour de la question et m'être demandé quand il y aurait un brin de fraîcheur, d'humour autre que potache et une envolée d'humanité offrant aux lecteurs une bouffée de valeurs structurantes capable d'élever le mode de vie de chacun.
Finalement, il y aura Lorena. Don Efrem en tombera amoureux. Lui, c'est le patron, il a le fric mais pas d'éducation et de sensibilité aux relations humaines. Il pense que tout s'achète et qu'il suffit d'arroser Lorena de signes de richesse pour gagner son coeur… et surtout, plus trivialement, son corps. le niveau s'élève alors, enfin, lorsque Lorena, refusant une nouvelle dépense somptueuse, lui dit : ‘N'y voyez aucun mépris. J'ai pas besoin de vos cadeaux pour vous appréciez, vous savez…' Ouf, la relation vraie a peut-être encore un avenir !
Et puis aussi, trop rarement, quelques articulations de phrases dont l'enchaînement fait sourire : ‘Elle a posé ses articles sur le tapis et a regardé avec admiration la caissière scanner à toutes vitesse les flocons d'avoine, les sacs de fruits et légumes, les sachets de sésame, de graines de tournesol, de lin, d'orge et les pots de yaourts, et les pots de céréales. Rien que des trucs bons pour la santé, l'horreur !'
Bref, à partir de l'idée loufoque, saugrenue mais, je l'avoue, originale qu'on peut faire des économies en achetant les vêtements de morts trucidés, « le mort était trop grand » est un récit qui se révèle peu drolatique. Il se perd dans une écriture ne servant pas la littérature et n'offrant que trop peu de modèles de vie dignes d'être lus. Une déception ! le fait de proposer ce roman sous un label de comédie sauve-t-il la situation ? Selon moi, pas vraiment !
Mais, à chacun de s'en faire une idée en le lisant…

Merci aux éditions Grasset et à lecteur.com pour leur confiance. (Chronique rédigée pour lecteur.com dans le cadre des découvertes réalisées par les Explorateurs de l'été 2019)

Lien : https://www.lecteurs.com/liv..
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