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Critique de meeva


Dans une première partie, Alice Miller décrit la « pédagogie noire » et ses conséquences.
Elle cite beaucoup d'extraits de livres sur l'éducation des enfants de la deuxième moitié du 19ème siècle.
Ces livres préconisaient de se faire respecter de l'enfant, de lutter très tôt, dès les premiers mois de sa vie, contre sa nature capricieuse, indolente, quitte à user de châtiments corporels.


Je ne résiste pas à l'envie de vous livrer l'extrait suivant, que je ne saurais vous situer précisément dans le temps, entre 1850 et 1950.
Il s'agit d'un père, troublé d'avoir battu son enfant, qui va chercher réconfort auprès du pasteur. Celui-ci lui dit :

« […] Et vous avez également eu raison de donner une bonne correction à ce petit cabochar. Dans six mois d'ici, il ne l'aura pas oublié. Si vous ne l'aviez frappé que très légèrement, non seulement cela n'aurait servi à rien pour cette fois, mais par la suite, il vous aurait fallu toujours le battre, et l'enfant se serait habitué aux coups de sorte qu'à la fin ils lui auraient été complètement indifférents. C'est comme cela qu'en général les enfants se moquent complètement d'être battus par leurs mères ; c'est que celles-ci n'ont pas le courage de frapper assez fort. […] »


Bien sûr, il ne faut pas oublier d'indiquer à l'enfant qu'il ne doit pas se plaindre du traitement subi, il ne doit même pas être malheureux puisque : c'est pour son bien.

L'enfant, qui ne peut pas perdre l'amour de ses parents, perçu comme vital pour lui, va non seulement se plier aux exigences de ses parents, mais en plus intégrer le système d'éducation qu'il a reçu comme étant le bon système d'éducation. Il va nier sa souffrance, voire oublier complètement les mauvais traitements subis, dans un déni qui lui permet dans un premier temps de survivre.



Dans une deuxième partie, Alice Miller donne trois exemples pour illustrer le fait que cette façon de ne pas respecter les enfants est à l'origine selon elle de la délinquance, des crimes, des guerres et du terrorisme.

On y apprend l'enfance de Christiane F. qui a écrit « Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… » , d'Hitler et d'un homme arrêté à 24 ans pour avoir tué des enfants d'une manière horrible.


Il est marquant que les biographes de Hitler minimisent les violences qu'il a subies étant enfant. Ils les justifient même prétendant qu'Hitler était naturellement mauvais.

Et reviens donc la question de l'inné et de l'acquis dans le caractère de l'enfant.



Et même lorsque l'on met de côté les violences physiques, on ne peut que s'interroger sur les humiliations que l'on fait subir, souvent involontairement, à son enfant.
Par manque de temps, par manque de patience, par manque d'envie de me remettre en question, de me poser des questions sur mon enfance et mes acquis, combien de fois me suis-je comporté de manière autoritaire sans aucune raison valable ?



Dans une dernière partie, heureusement, Alice Miller précise que le plus important n'est pas la souffrance vécue dans l'enfance, mais le droit et la possibilité de l'exprimer.

Elle revient sur la notion de culpabilité, inutile et contre-productive selon elle, puisque cette culpabilité se transmet alors à l'enfant.

Elle propose donc dans la prise de conscience des violences (physiques ou psychiques) que l'on a vécues, de faire le deuil de l'enfance heureuse et des parents parfaits que l'on s'est imaginé.



Un peu répétitif, un peu compliqué à lire à mon goût, ce livre me semble néanmoins permettre une prise de conscience.
Au-delà d'une réflexion utile à la vie en commun avec mes propres enfants, il m'incite à penser que l'amour ne s'impose pas, que le respect ne se décrète pas, que l'expression de la colère est bénéfique…
Toutes choses utiles dans les relations avec des adolescents pour qui ces questions sont sensibles.





Une « fable » en musique (et accompagnée du cri des porcs…) :

« L'éducation du corps des porcs
Se fait souvent un peu à tort
Par tradition, au fond des ports
Ce sont de grands hommes gras et forts
Parlant avec l'accent du nord
[…]
C'était un soir de pleine lune
La mer dressée bavait l'écume
Un homme aperçu dans la brume
Sa femme dansant dans la boue brune
Elle était nue et sur la plage
Trois jeunes garçons d'assez jeune âge
Dans un joyeux dévergondage
Se régalaient d'un tas d'outrages
La femme et eux faisaient ménage
Et le mari cria de rage
Brandissant sa main en battoir
Et s'élança sûr de les voir
La lune préférant ne rien voir
S'était cachée dans la nuit noire
Et l'homme fourbu de désespoir
Aveuglement criait victoire
La boue, le sang firent marécage
Et l'homme fourbu tomba en nage
C'est bien plus tard au p'tit matin
Qu'on aperçut au pied d'un porc
L'homme piétiné, raide et bien mort
A ses côtés trois pièces d'étain
A l'effigie des trois gamins
[…]
Proposez-leur un autre sort
Vous serez déçu peut-être à tort
Car ces jeunes gens coucheraient dehors
Pour préserver ce droit du corps
Ce privilège des gens du nord
L'éducation du corps des porcs »

(extrait de « L'éducation du corps des porcs » des Ogres de Barback :
https://www.youtube.com/watch?v=lEiy31Zoxwc )

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