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Critique de ange77


« - Les morts parlent toujours plus que les vivants, ne l'oubliez jamais.
Question de solitude, sûrement. »

Sainte-Marie-La-Grise, une destination très prisée...
Son cadre magnifique proche de la côte d'émeraude et ses paysages d'exception, son folklore breton (empli de créatures étranges, issues du « petit peuple », de ses mythes et légendes), ses âmes chaleureuses et accueillantes et...
...ses morts, qu'on a « aidés » au trépas, et qui doucement, s'accumulent.

«
Afin d'apprécier pleinement votre séjour, veillez cependant à respecter trois règles :
1. Écoutez toujours les murmures de ceux que vous ne voyez pas.
2. Gardez-vous des créatures sinistres qui frappent avant d'entrer.
3. Soyez sage.
Très sage.
»


« Tout est faux, tout est possible, tout est douteux.
[Le Horla, 1887 - Guy de Maupassant] »


« J'agonise fort bien, merci » est un titre qui déjà, me botte d'entrée (!), mais il s'agit surtout du premier opus d'une trilogie - mettant en scène un notaire particulier dont les talents multiples ne s'arrêtent pas à ceux dévolus à son « métier » ; Évariste Fauconnier - sorte de fils caché entre Sherlock Holmes et le Mentaliste - , et écrite par Lucie Castel (alias Oren Miller, en l'occurrence). Une auteure que je découvre par ailleurs aussi prolifique sous son pseudo que sous son vrai nom - mais dans des genres différents.

Les ouvrages suivants ce premier épisode sont respectivement titrés (et vous avouerez quand même que ça donne drôlement envie !!) :
« À présent, vous pouvez enterrer la mariée » et « Et Dieu se leva du pied gauche » - que j'avais, pour la petite anecdote, entamé de quelques pages avant d'apprendre qu'il s'agissait en fait du dernier volet d'une saga consacrée aux enquêtes du fameux « notaire »...
(Merci à mon cher ami Antyryia de m'avoir remise sur la bonne voie !)
Le début de ce livre m'avait tellement plu, tant au niveau de l'écriture que du vocabulaire emprunté par l'écrivaine, l'époque choisie (milieu du XXe), l'atmosphère nonchalante et si prégnante à la fois, et les notes d'un humour noir tombant à pic systématiquement, faisant parfaitement teinter leurs échos en moi, n'ont fait qu'ajouter à l'engouement naissant que je ressentais : impossible donc, de ne pas me plonger illico dans la toute première histoire !

C'est chose faite, et...
...non, rien de rien !
...je ne regrette rien !
:))


« Au bout du compte, tout n'était toujours que poussière.
Et toiles d'araignées. »


C'est un vrai beau coup de coeur, IMMENSE en ce qui me concerne - peut-être même juste un tiers de coup de coeur, vu comme c'est parti !! > Il y a fort à parier que je tombe totalement sous le charme de l'intégrale des Enquêtes de Maître Fauconnier.
Je sais qu'il ne faut jamais parler trop vite, mais c'est presque une conviction intime : je suis certaine de ne pas être déçue par la suite ! (Ou plus raisonnablement du moins, disons que je l'espère)


« Vous vous habituerez à mon antipathie naturelle et à mon manque assumé de toute forme de diplomatie. »
Si le titre du récit m'enchante à lui seul, que le héros prononce ce genre de phrase - et qu'il la mette effectivement en « pratique » pour ainsi dire tout du long - me ravi, au fond de moi, bien plus que je ne saurais l'exprimer !
J'adore le cynisme et l'autodérision (ceci explique sans doute cela...).

« Je n'éprouve aucune gêne, ni aucune honte, à affirmer que, lorsque nous sommes dotés d'une intelligence supérieure à la moyenne, il est extrêmement difficile de nouer des relations d'égal à égal. Nos talents nous isolent, et c'est un bien lourd fardeau que de porter sa propre finesse d'esprit. »

Notre bonhomme, certes altier, n'est pas réellement désagréable, bien au contraire, il est juste... présomptueux, légèrement condescendant, voire carrément odieux parfois (mais en apparence seulement, et puis soyons honnêtes : il le fait tellement bien !) et franchement, le duo qu'il forme avec son commis pour cette occasion, Isabeau - un jeune homme bien moins ingénu qu'il n'y paraît - , est simplement réellement excellent à mes yeux. Leurs réparties, tout comme leur relation, évoluent au fur et à mesure que l'on avance dans cette histoire de plus en plus bizarre ; où des morts inexpliquées viennent s'ajouter à de funestes accidents ; où les secrets et les non-dits côtoient les plus anciennes des légendes bretonnes, et où les habitants ne sont peut-être pas tous si chaleureux finalement...
Ce qui est certain, c'est qu'il se trame à Sainte-Marie-La-Grise suffisamment de mystères pour intéresser nos deux compères.

« Tout fini toujours par se savoir. Les secrets, à plus forte raison. »

Une intrigue digne d'intérêt et rondement menée ; des personnages réussis, pertinents, auquels on s'attache irrésistiblement ; la dynamique vivante des dialogues ; une ambiance dans les tons noir et blanc, comme dans ce temps-là, et intemporelle malgré tout ; ajoutez-y quelques pincées de croyances séculaires, le tout sublimé par une écriture addictive où les bons mots se mêlent à un humour plaisant... Et vous obtenez un roman purement génial !

« - D'accord, alors je vais faire un petit point d'étape, déclara Évariste avec un grand calme. Les fées, les sorcières, les revenants, ça n'existe pas. »

Que demander de plus ?
Si ce n'est, évidemment, de ne pas trop tarder pour découvrir ce que me réserve Oren Miller dans la suite...

À présent,
vous pouvez enterrer la mariée ! (Justement ^^)

Et éventuellement,
vous jeter à coeur perdu dans cet opus-ci, que je conseille vivement - n'attendez pas d'agoniser... même fort bien !

;-)

« Le mensonge, c'est comme tout : il n'y a que la première fois qui est douloureuse. Après, on y prend goût. »
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