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Critique de Luniver


Malgré sa renommée, Walter Miller a été un auteur peu prolifique. On lui doit « Un cantique pour Leibowitz » qui lui a valu la célébrité, un recueil de nouvelles, et ce roman, qu'il a laissé inachevé, et qu'un autre auteur de science-fiction a terminé sur demande des héritiers.

L'intrigue se passe dans le même univers post-apocalyptique que le premier roman. Pour rappel, à la suite d'une guerre nucléaire de grande envergure, la population a décidé d'éliminer toute trace de savoir autre que religieux, brûlant les livres et traquant les érudits. Des brides de science ont été sauvées dans des monastères, dont les moines copient pieusement, sans en comprendre un seul mot, les grandes théories modernes, en espérant qu'une nouvelle civilisation émerge et en retrouve le sens.

Le récit se déroule intégralement dans le territoire des États-Unis, la technologie n'étant plus suffisante pour savoir ce qu'il se passe ailleurs. Deux camps s'opposent : l'empire du Texark, timide embryon de civilisation éclairée, et les factions nomades. Leur conflit a mené à un schisme religieux, aux graves conséquences étant donné l'importance de la religion catholique dans la région. La réconciliation a eu lieu, mais reste bien fragile. Les papes se succèdent à la vitesse de l'éclair, assassinés dès qu'on les soupçonne de favoriser un camp. Un nouveau conclave va d'ailleurs bientôt débuter, avec pour mission d'élire un pape capable d'éviter une nouvelle rupture.

L'ambiance de ce roman est vraiment particulière, le lecteur est plongé dans un « moyen-âge post-apocalyptique ». Les références à notre histoire sont nombreuses : papes et anti-papes, monastères, guerres de religion, chevaliers et fantassins, etc. de l'autre côté, on ressent très bien cette atmosphère de déclin de la civilisation grâce à une foule de petits détails : mutations génétiques, mots américains déformés, chaise électrique sans batterie suffisante pour exécuter le condamné, redécouverte des terres mexicaines et des armes à feu, …

J'espérais retrouver ce qui m'avait plus dans le premier volume, ce côté à la fois vain et magnifique des moines qui se transmettent de génération en génération des formules d'électromagnétisme. Dans celui-ci, on est plutôt plongé dans le monde, au milieu de toutes les intrigues politiques et les préoccupations du quotidien. Dans un monde déjà en ruines, l'auteur parvient à nous faire craindre le spectre des guerres civiles. le pessimisme règne en maître, et le message est clair : quoi qu'il fasse, tôt ou tard, l'homme travaillera irrémédiablement à sa propre destruction.

Chapeau à l'auteur qui a terminé le travail de Miller. Il parle un peu de sa contribution dans la postface, et je n'ai discerné aucune coupure entre son écriture et l'originale pendant ma lecture.

Je regrette que la bibliographie de Miller soit aussi courte, car son écriture est vraiment saisissante. Ses romans méritent clairement leur statut de chef-d'oeuvre.
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