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Critique de Arakasi


Muse ! Conte-moi la fureur d'Achille qui ravagea les rangs troyens et tua le puissant Hector ! Conte-moi sa terrible gloire, son orgueil insensé et le sang qu'il versa pour venger les siens ! Voici ce que les générations futures ont retenu d'Achille, prince de Myrmidons : la rage, la haine, la fierté, la violence… Et si une histoire plus douce pouvait être racontée ? Pas celle d'un guerrier sanguinaire - enfin, pas seulement - mais celle d'un bel adolescent, sensible et rieur. Avant de venir tuer et mourir au pied des murailles de Troie, cet adolescent a vécu, il a souri, plaisanté, bu, mangé, joué de la musique, aimé surtout. Ce n'est donc pas une épopée guerrière que nous conte Madeline Miller, mais l'histoire d'une passion amoureuse entre deux jeunes gens : Achille et Patrocle, le demi-dieu solaire et son compagnon timide et renfermé. La renommée du premier a fait glisser l'autre dans l'obscurité. N'est-il pas juste alors de lui redonner un peu de lumière en le faisant témoin et conteur de la vie de son héroïque amant ?

Autant le dire tout de suite, j'ai toujours éprouvé de l'indifférence, voire même de l'antipathie, pour le personnage d'Achille. Oh, je ne nie pas qu'il suscite chez moi un certain intérêt purement intellectuel - l'obligation de choisir entre une vie courte et héroïque et une vie longue et banale, son comportement de rock-star avant l'heure, etc. - mais l'humain lui, le personnage, m'ennuie profondément. Je me suis toujours dit que ce type-là devait manquer cruellement de conversation, clairement pas le genre de gars avec qui j'aimerais partager une outre de vin après avoir taillé des troyens en pièces. Mais je suis curieuse et cette version romancée de sa vie par Madeline Miller avait reçu tant de bonnes critiques que je me suis laissée tenter.

Verdict ? Ben, c'est bien écrit, sensible, pudique, lyrique, pathétique mais pas trop, avec des petits pointes dramatiques et tragiques du plus bel effet, mais… Mais Achille m'emmerde toujours. Si la grosse brute furibonde - “Le bouillant Achille, le bouillant Achille !” - me fatiguait, l'adolescent amoureux me donne de furieuses envies de tabassages à coups de marteau. Il est beau, il est brillant, il est doux, il est tendre, il a de jolis talons, il est le meilleur guerrier du monde grec sans avoir jamais mis un seul foutu pied sur le champ de bataille… Mais achevez-le, bon sang, achevez-le ! Niveau personnages secondaires, on rencontre quelques profils plus intéressants, mais ils ne sont que sommairement esquissés et je regrette notamment que le portrait d'Agamemnon soit dressé complètement à charge, comme c'est malheureusement le cas dans la plupart des versions modernisées de la guerre de Troie que j'ai pu lire ces derniers temps. Au passage, il est amusant de constater que, même dans un roman dédié à Achille, je finis toujours par guetter impatiemment les apparitions d'Ulysse. Que voulez-vous, on ne se refait pas.

Pas un mauvais roman en soit et globalement agréable à lire, donc, mais mes penchants personnels sont tels que j'ai peiné à éprouver la moindre émotion devant les malheurs d'Achille et de Patrocle. Tant pis.
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