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Critique de Presence


Ce tome fait bien sûr suite à La guerre Volgan 1.

Le lecteur retrouve donc Mek-Quake qui est toujours interné dans le même asile-prison que Volkhan, l'ancien chef militaire des Volgan. Il retrouve également le reste des ABC Warriors (Hammerstein, Blackblood, Joe Pineapples, Mongrol, Steelhorn et Deadlock) en route pour Marineris pour recruter un nouveau membre du nom de Zippo.

Mek-Quake a été affecté au nettoyage de la cellule de Volkhan, et il trouve un message d'appel à l'aide sur le mur (Help me). Après avoir accompli sa tâche, il reçoit un message de Blackblood qui souhaite lui dire combien il regrette qu'il ait été placé dans cette situation. de retour dans le grand vaisseau baleine traversant l'océan de sable, les ABC Warriors continuent de partager leurs souvenirs de la guerre contre les Volgans.

Cette fois-ci, c'est au tour d'Hammerstein d'évoquer la manière dont ses troupes furent massacrées par Blackblood à Vladivostok en 2081. Cet épisode lui permet d'expliquer comment lui aussi il a croisé Zippo pendant ce conflit. C'est alors au tour de Deadlock d'évoquer ses souvenirs de ce conflit. Ce robot constitue une exception : il croit aux forces surnaturelles et il est doté d'une conscience plus autonome que ses collègues. Un général humain avait réquisitionné son aide, ainsi que celle de ses troupes car Volkhan avait transgressé le tabou suprême : il s'était créé un fils, donnant ainsi un exemple de reproduction robotique. le tome se termine alors que le vaisseau baleine franchit le périmètre extérieur de Marineris.

Le lecteur retrouve donc Pat Mills dans une forme satisfaisante. Les scènes se déroulant au présent n'apportent pas grand-chose quant aux personnages. La situation dans l'asile prison évolue de la manière la plus prévisible possible ; elles ne servent qu'à préparer la suite du récit dans les tomes suivants. Pour les scènes se déroulant pendant la guerre contre les Volgan, Mills semble plus dans son élément ; il faut dire que les histoires de guerre ça le connaît ne serait-ce qu'au travers de sa série sur la première guerre mondiale (Charley's War). Donc quand le lecteur plonge au milieu du champ de bataille dans une guerre entre robots, l'huile hydraulique coule à flots, les tôles se déchirent sous les coups sans pitié et ces pauvres robots suscitent une empathie inattendue. Quand Mills rajoute en plus une petite couche de technologie futuriste, le lecteur est aux anges. Il saupoudre le tout d'une critique déguisée de la guerre en Irak sur le thème d'une guerre menée uniquement pour s'approprier les ressources en pétrole du pays envahi.

Et puis chacune de ces scènes est sublimée par l'art pyrotechnique de Clint Langley. Autant j'avais trouvé les planches un peu froides dans le premier tome, autant cet aspect a disparu grâce à des robots de plus en plus éloignés de l'humanité et des grilles pains. Cet illustrateur fait preuve d'une inventivité incroyable que sa parfaite maîtrise des technologies informatiques lui permettent de mettre en images. Par où commencer ? La tête de Volkhan ressemble à une coupole d'église orthodoxe russe sans pourtant sombrer dans le ridicule. Et puis il y a cette double page envoutante du vaisseau baleine se déplaçant au milieu de l'océan de sable rouge de mars. 4 pages après, Hammerstein décolle du champ de bataille pour attaquer un tripode volgan. Sa carrosserie comporte moult détails qui attestent à la fois de son appartenance à un modèle de série, mais également de sa spécificité et aussi des coups qu'il a essuyés.

À peine le temps de se remettre de cette vision que surgit devant nos yeux, Blackblood détruisant des robots de type Hammer sur son passage. Zippo fait son apparition dans une double page mettant en valeur le drapeau qu'il porte, l'arme impressionnante qu'il est en train d'enclencher et les marques sur son métal. le lecteur a alors droit à une vue de son viseur et à l'image d'un zippo ayant appartenu à un colonel humain. À chaque fois, Langley campe ses personnages dans une pose dynamique tout en magnifiant les caractéristiques mécaniques des robots, à tel point que les quelques humains présents ont une apparence graphique très fade. À la fois, il est impossible de se reconnaître dans ces formes métalliques, et à la fois leur étrangeté met en avant l'humanité de leurs comportements.

L'une des scènes les plus dérangeantes dépeint Blackblood en train de se repaître d'un gobelet d'huile qu'il vient de récupérer sous la tête d'un robot détruit. La même scène avec des personnages humains aurait eu un goût de déjà vue ; ici la présence physique des robots et la réalité de la tôle déchirée (grâce à l'insertion de textures à base de photographies) met en évidence la barbarie de cet acte cannibale. Il est visible que Langley s'éclate sur les pleines pages ; il n'y a qu'à voir le rejeton de Volkhan sur sa moto ou Deadlock descendant sur son glisseur pour constater que Langley s'attache à chaque détail comme à la composition et l'angle de vue pour mettre tout son savoir faire à contribution pour créer l'image la plus achevée possible. Je trouve également qu'il s'est amélioré en ce qui concerne la lisibilité des combats et de la fluidité des séquences.

Comme pour le premier tome, il faut absolument lire cette histoire avec une forte luminosité pour distinguer tous les éléments. Encore plus que dans le premier tome les illustrations de Clint Langley donnent naissance à des créatures d'un autre monde totalement crédibles et terrifiantes dans leur inhumanité. Encore plus que dans le premier tome, le scénario de Pat Mills met en évidence l'humanité de leur comportement. Ensemble (textes et dessins), ces 2 créateurs engendrent un récit monstrueux qui n'a qu'un seul défaut : être trop court. Heureusement la guerre continue dans le tome 3.
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