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Critique de Charybde2


Une extraordinaire leçon à deux voix sur la diction de l'alexandrin français classique, leçon de poésie et de théâtre mais aussi subtile leçon de politique appliquée de la langue.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/12/07/note-de-lecture-dire-le-vers-jean-claude-milner-francois-regnault/

Publié en 1987 au Seuil, réédité après révision chez Verdier en 2008, ce « Dire le vers », joliment sous-titré « Court traité à l'intention des acteurs et des amateurs d'alexandrins » est un véritable régal intellectuel et sensible. Comme chez le Jacques Réda de « Quel avenir pour la cavalerie ? » (2019), cette focalisation sur le vers, et ici, plus spécifiquement, sur l'alexandrin « classique » presque exclusivement, même si elle prétend s'adresser tout particulièrement à celles et ceux chargés de « dire le vers », au théâtre ou ailleurs, constitue une expérience d'investigation poétique à part entière.

Les nombreux débats ayant pris place autour de la mise en scène du « Tartuffe inconnu » en 2017, reconstitution par Georges Forestier et Isabelle Grellet de la pièce de Molière disparue (interdite au lendemain de sa création à Versailles en 1664), en trois actes, à partir de la pièce en cinq actes qui nous est parvenue (celle, allongée et vraisemblablement « édulcorée », créée en 1669), reconstitution jouée avec la langue, la diction et le type de déclamation « d'époque », telles qu'appréciées après les minutieuses recherches historiques entreprises, montrent bien que cette investigation poétique n'est pas en réalité « purement artistique », mais bien subtilement politique (comme souvent, et pas vraiment paradoxalement, en matière de langue). Cette présence subtile du politique au coeur d'enjeux apparents de versification et de diction explique certainement largement l'intérêt visionnaire, érudit et parfois provocateur porté ici au sujet, pour notre plus grand bonheur, et au-delà de leur intérêt personnel pour la poésie et pour le théâtre (même si se glissent de ci delà des accents presque novariniens, paradoxaux, dignes de son « Pour Louis de Funès »), par un linguiste et philosophe tel que Jean-Claude Milner (dont on devrait vous parler prochainement de l'immense « Les noms indistincts » de 1983 sur ce blog) et par un philosophe et dramaturge tel que François Regnault (qui, après la publication de ce « Dire le vers », enseignera notamment la diction au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris de 1994 à 2001).
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