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Critique de Eve-Yeshe


Nous sommes en juillet 1945, à Dinslaken, au bord du Rhin, sous une intense chaleur. Un photographe anglais a « visité » un camp de concentration qui vient d'être libéré, en compagnie du colonel Collins, un gradé et de son chauffeur McFee qui se trouve incapable de dire ce qu'il a vu et n'a qu'une envie retourner chez lui le plus vite possible. Peut-on dire quand ce que l'on a vu est innommable ?

Notre photographe n'a pas envie de partir, il ne sait pas pourquoi, il a envie de photographier les gens du coin, simplement. Collins lui confie une voiture et O'Leary, un jeune homme qui vient juste d'arriver sur les lieux. Tout juste formé, il est arrivé trop tard sur le front et il pourra dire qu'il n'a jamais tué personne, donc les autres se moquent un peu de lui.

Ils vont partir au hasard sur la route avec quelques jerricans d'essence et des rations alimentaire.

Comment parler d'un roman où en apparence il ne se passe rien ? le héros a une quête mais ne sait pas laquelle, tout ce qu'il sent, profondément en lui, c'est qu'il doit photographier les gens, dans leur vie de tous les jours. Il arrive à les approcher, même s'il est mal accueilli ; parfois, seul le fusil et la tenue militaire de son compagnon de voyage lui permettent d'établir un contact.

En fait les deux héros sont en quête de quelque chose et ont leurs propres cauchemars : les corps des morts qui s'agitent encore sous les bâches qui les recouvrent pour le photographe, et ceux liés à la vie de tous les jours du jeune militaire, qui chez lui allait dormir sur la plage, creusant un abri dans le sable. Ils fuient probablement quelque chose, l'un comme l'autre.

A-t-il voulu comprendre ce qui se cachait derrière ces personnes qui vivaient à proximité des camps et ne rien faire ? ou simplement voir si la vie continuait son cours à la fin de la guerre, comme auparavant ? qu'est-ce qui est invisible ? la conscience des personnes ? ou bien les camps ?

On ne saura jamais ce que le photographe recherche en tirant les portraits des gens, fermier, un couple qui se marie, entre autres. Hubert Mingarelli laisse le lecteur imaginer, en fait, à lui de se poser les questions. C'est très surprenant !

Je me suis demandée tout au long du roman, où l'auteur voulait m'emmener, sans vouloir me donner de réponse et étrangement c'est ce qui a fait la magie du livre. J'en suis sortie avec un tas de questions, un cerveau en ébullition à force de formuler des hypothèses…

L'écriture est belle, et ce livre m'a vraiment plu… Il m'a donné envie d'explorer l'univers de cet auteur que je ne connaissais pas du tout, alors qu'il a une quinzaine de livres à son actif, dont l'un a obtenu le prix Médicis.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Buchet-Chastel qui ont bien voulu m'accorder leur confiance.

#LaTerreInvisible #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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