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Critique de michfred


Welcome to Stalkerland! Bienvenue en Harcèleland !

Heureux séjour au pays des pervers narcissiques! Laissez-vous terroriser par quelques spécimens gratinés de manipulateurs psychopathes! Confiez vos peurs et fragilités les plus secrètes à des harceleurs raffinés! Laissez-vous happer par les délices de la paranoïa, sur l'ample musique de vos opéras favoris!

C'est bien connu: ce qui ne nous tue pas, nous rend plus forts...

Si vous échappez à la mort programmée qu'ils vous destinent, vous en sortirez rudement changés... A votre tour, alors, de harceler votre bourreau, d'en faire votre victime propitiatoire... Car il est grand, sans frontière, sans limites, le beau pays des manipulateurs criminels...Parlez-en à la douce Christine, héroïne atterrée de cette manipulation diabolique...Elle est à rude école, la pauvre: c'est une victime idéale. Une élève appliquée aussi...

Et le finale , après l'aria da capo, emporte dans son tourbillon endiablé victimes et bourreaux ...

J'ai beaucoup aimé les trois-quart de ce polar: j'y retrouvais la lenteur d'une toile d'araignée qui se tisse avec soin, la grisaille hivernale qui transforme Toulouse, la ville rose, en cuvette glaciale et venteuse, la mélancolie chronique et le regard désabusé du commissaire Servaz, très secoué par ses précédentes enquêtes et mis au vert dans une maison de repos pour flics déprimés-double peine...

Bref, j'y retrouvais ce qui avait fait le charme de Glacé, le premier bouquin de Bernard Minier. Les choses commençaient bien.

Mais quand j'ai commencé à entrevoir une piste, dans la plus stricte tradition du polar - et a fortiori d'un polar sur les pervers narcissiques : il faut bien égarer le lecteur, le perdre, le déboussoler, le lecteur, c'est une victime consentante, une victime qui en redemande! - là, le ton a changé. Il est devenu plus direct, voire trivial, les pistes se sont brouillées, les psychopathes de tout poil se sont multipliés comme des lapins frénétiques...et j'ai frisé l'overdose!

Dommage, car même si le sujet du pervers -narcissique- qui -terrorise- sa- proie- et -la- pousse -au- suicide est devenu ces dernières années un topos du roman noir ( et même du roman tout court, voyez D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan) , on pouvait, en restant dans la sobriété et la vraisemblance, obtenir une peur de très bon aloi et un effroi d'une grande efficacité.

Mais trop, c'est trop...

Malgré les références savantes à la musique, la construction en trois actes digne d'un opéra de Verdi, et la documentation bien intégrée sur la conquête spatiale franco-russe, je n'ai pas marché.

Même pas peur.

A la fin, je comptais les frappés de manipulation comme un épidémiologiste comptabilise les cas de choléra: avec une froideur toute scientifique...Et pourtant si vous saviez comme j'adore pétocher!

Mais je ne devrais pas vous dire cela: pervers comme vous l'êtes, vous en profiteriez honteusement!!
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