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Critique de SophieLesBasBleus


Martin habite sa solitude bien plus qu'elle ne l'habite. Il en fait un abri, un cocon qu'il meuble et aménage avec ses rêves et ses désirs. Par sa fenêtre il observe la vie des autres sans oser s'y mêler. Sans résignation mais sans impatience, il attend. Il rêve et attend : des amis, un amour, une rencontre, un regard porté sur lui... Il attend que d'autres vies bousculent la sienne. Qu'est-ce qui tout à coup fissure cette coquille confortable et l'incite à oser ? Est-ce le regard bienveillant d'Odette qui le fait entrer dans la réalité ? Est-ce l'offrande d'un pain à un SDF qui sommeille ? Est-ce tout simplement le moment où les rêves ne suffisent plus et où, devenu perméable aux autres, il s'autorise à participer à la vie ? Sans doute est-ce une conjonction de ces micro-évènements, l'infinité des menues péripéties que chaque jour met à la portée de qui sait les voir et les mettre à profit, qui provoquent cette éclosion.
Touchante de candeur et de tendresse contenue, la voix de Martin diffuse une musique de solitude ni choisie, ni consentie, mais acceptée pour ce qu'elle est, comme elle est. L'espoir se teinte d'une confiance sereine pour ce petit frère de Bartleby, discret, énigmatique malgré lui, qui apprend peu à peu à exister avec les autres.
L'écriture d'Isabelle Minière incarne subtilement cette voix qui espère et qui aspire à entremêler un peu de rêve à la réalité et inversement. Elle donne d'inhabituelles couleurs à la solitude, pastel et doré, un mélange de force et de fragilité qui apporte un trouble léger, comme un friselis de lumière à travers les volets. Une teinte d'espérance que cette lecture glisse dans le fil des jours et laisse reposer sans tristesse... en attendant.
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