Isabelle Minière - Au pied de la lettre
Maman était bizarre par moments. Mais elle ne s’en rendait pas compte, elle disait que c’était moi qui étais bizarre, par moments. C’est drôle comme les gens voient chez les autres ce qu’ils ne voient pas chez eux.
Le bonheur, ce n’est pas d’être heureux, c’est de ne pas souffrir.
La nature est belle sans le faire exprès, elle n’a pas d’intention, elle ne pense rien, elle ne sait rien, elle ne veut rien ; quand c’est joli, c’est par hasard, c’est gratuit, et c’est ça qui est plaisant.
Les parents croient toujours qu’ils y sont pour quelque chose dans les qualités de leurs enfants. Pour ma mère en tout cas c’est simple : mes qualités c’est de l’hérédité, mes défauts c’est de l’acquis.
On tombe en amitié, oui, je le sens à nos regards, nos confidences et nos silences, malgré mon peu d'expérience (...)
On parle de l'amitié, de l'incroyable dose de vitamine D contenue dans l'amitié ."le soleil , à côté, c'est des paillettes, de la poudre aux yeux", me dit Frédéric et il rigole comme un gosse. ( p.91)
Si on lui demande : « À quoi penses-tu ? » elle répond, très grave, très profonde : « Je réfléchis au sens de la vie. » Elle s’aime beaucoup en jeune femme sage qui réfléchit au sens de la vie. Tant qu’on réfléchit à la vie en général, on oublie sa vie en particulier. C’est moins désespérant.
Et il va bien , votre poète ?
-Oui, il écrit sur le rire, sur le sourire, sur la joie, sur le plaisir, tout ça...Alors ça lui donne le moral. Nos pensées déteignent sur nos vies. (p. 96)
Ce qui me plairait, c'est d'en parler à quelqu'un. Que ce qui se passe dans ma tête existe pour quelqu'un. Mais qui ça intéresserait ?
Quand j'entends les gens se parler, dans les cafés ou dans la rue, je suis parfois étonné qu'ils osent raconter ce qu'ils pensent, les idées qui leur passent par la tête, même si c'est farfelu; ils ne semblent pas douter que ça puisse intéresser les autres. Oui, c'est comme une espèce d'audace qu'ils ont sans le savoir... (p. 62)
Ma pauvre vieille maman fait de son mieux pour ne pas déranger, et elle dérange quand même. Maman, ma maman, qu'est-ce que le temps a fait de nous ?
C'était le jour où les gens choisissaient un président.
C'était dimanche. Choisir un président le dimanche, c'est étrange. C'est comme si les gens choisissaient un président pour passer le temps, parce qu'ils ont le temps.
Si j'étais président, je voudrais être choisi un lundi.