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Critique de YsaM


Delphine Minoui, grand reporter et correspondante du Figaro au Moyen-Orient nous embarque en Iran, cet Iran opaque où les barbus enturbannés ont pris le pouvoir, l'Iran de l'obscurantisme où le mot liberté n'existe plus et où la religion et la loi de la charia ont pris toute la place. C'est un voyage enrichissant et bouleversant, c'était une étape nécessaire pour l'autrice qui possède la double nationalité, -Française par sa mère, Iranienne par son père- et qui ressentait le besoin de marcher dans les pas de son grand-père, son babaï dont elle connaît si peu de son histoire.

Delphine Minoui avait aussi très envie de retrouver ses racines pour comprendre et ensuite transmettre. Avec ce témoignage, sous forme de lettre adressée à ce grand-père défunt qui lui manque tant, l'autrice nous ouvre les portes de l'Iran avec des moments magiques, et les heures les plus sombres de son histoire.

De l'Iran, l'autrice a des souvenirs de vacances, en Août 1978, la terrasse ensoleillée de la maison de ses grands-parents à Téhéran, des glaces à l'eau, une piscine gonflable pour se rafraîchir et patauger, des arbres à kakis, des jus de grenades, elle n'a que quatre ans. Puis il y a les premières manifestations contre le Chah réclamant son départ, la révolution est en marche. En janvier 1979, le Chah quitte le pays pour ne plus jamais y revenir et en février, l'ayatollah Komeiny rentre d'exil et prend le pouvoir.

En 1997, le grand-père de Delphine Minoui décède, en France, lui qui n'avait jamais voulu quitter son pays, c'est hors des frontières qu'il s'éteindra et reposera. La jeune femme, journaliste, s'interroge quelques mois puis saute dans un avion pour l'Iran, elle devait n'y rester qu'une semaine, elle y restera dix ans.

Elle loge chez sa grand-mère et fait des piges pour radio-France. Les rapports avec cette grand-mère « sa mamani » qu'elle a du mal à comprendre sont parfois compliqués. Delphine se nourrit des rencontres qu'elle fait et en apprend un peu plus chaque jour de ce pays qu'elle commence à aimer et dont elle ne peut bientôt plus se passer, même s'il faut se rendre dans des soirées clandestines pour faire la fête, pour boire, danser et risquer de se faire arrêter par la police des moeurs. Même s'il faut se couvrir la tête d'un foulard où rien ne doit dépasser. Même s'il faut être prudente quand elle rédige des articles de presse et malmène un peu le pouvoir en place en relatant des faits réels. Elle nous parle de ses amis(es) qui sont des intellectuels, des étudiants, des anciens révolutionnaires, des écrivains, des journalistes, elle fréquentera même un bassidji, défenseur extrême du pouvoir Islamique et se liera d'amitié avec son épouse.

J'aime beaucoup ce panachage de populations, les rencontres de l'autrice, cet attachement qu'ont les Iraniens pour leur pays qui pourtant se délite petit à petit sous la dureté et l'obscurantisme du pouvoir Islamique, les références aux poètes Perses dont Hafez, le plus grand et le plus connu. Je trouve ces gens attachants ils ont un idéal, ils sont cultivés, ils rêvent de liberté et sont prêts à y laisser leur vie.

On pourrait ne pas comprendre pourquoi l'autrice s'attache tant à un pays où on est constamment tenu en laisse et muselé, où il faut en permanence être sur ses gardes, où on doit se sentir parfois étriqué, où on doit manquer d'air tant l'ambiance doit être pesante. En tant que journaliste elle est surveillée, elle sera même convoquée plusieurs fois par les services du renseignement, j'avoue que j'ai tremblé pour elle ! Je me suis demandé si sa double nationalité ne pesait pas dans la balance. Certains de ses amis journalistes ont été emprisonnés.

l'Iran fascine autant qu'il fait peur. Pour l'occidentale que je suis, c'est le pays de la répression et du manque de liberté, c'est le retour au moyen-âge où la religion prime, c'est un peu caricatural mais il me semble que c'est comme ça qu'on voit ce pays. Delphine Minoui le voit avec les yeux de l'amour, parce que ce sont ses racines et qu'elle ne réduit pas ce pays à la carricature que l'occident s'en fait. il y a l'art, la poésie et la littérature persane, il y a la mythologie, les coutumes et les traditions. Il y a un patrimoine mondial très riche, de merveilleux paysages qui s'étendent entre mer, désert, montagnes.

C'est un pays chargé d'histoire, Delphine apprend à nager en eaux troubles, à trouver les bons contacts, à rédiger habilement, à informer véritablement, à se faufiler un peu partout, sans se faire repérer, jusqu'au moment où, découverte et en danger, elle doit précipitamment quitter le pays avec son époux, journaliste lui aussi.

J'ai adoré ce roman qui m'a totalement dépaysée et m'a appris tellement sur la société Iranienne. J'ai beaucoup aimé l'atmosphère qui s'en dégage et la belle écriture de l'autrice. J'ai eu beaucoup de mal à refermer ce livre et je sais d'ores et déjà que le lirai certainement d'autres ouvrages sur ce pays.


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