Delphine Minoui vous présente son ouvrage "
L'Alphabet du silence " aux éditions L'Iconoclaste.
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Note de musique : © mollat
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Il n'existe pas de prison qui puisse enfermer la parole libre ;
il n'existe pas de blocus assez solide pour empêcher l'information de circuler.
Bachar al-Assad a voulu mettre Daraya entre parenthèses, l’enfermer entre crochets. J’aimerais lui ouvrir les guillemets.
Bachar al-Assad avait fait le pari de les enterrer tous vivants. D’ensevelir la ville, ses derniers habitants. Ses maisons. Ses arbres. Ses raisins. Ses livres.
Des ruines, il repousserait une forteresse de papier.
La bibliothèque secrète de Daraya.
Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous.
(Extrait de la Lettre à Oscar Pollack de Kafka).
"Lire pour s'évader. Lire pour se retrouver. Lire pour exister..."
Ahmad vit sous une pluie de bombes.Il a perdu tant d'amis, n'a pas vu sa famille depuis quatre ans. A Daraya, son quotidien est une montagne d'urgences. Il a pourtant pris le temps de rédiger ce message, de partager sa compassion.
Un terroriste ne s'excuse pas.
Un terroriste ne pleure pas les morts.
Un terroriste ne cite pas - Amélie Poulain- et Victor Hugo.(p. 60)
Quel souvenir restera-t-il de cette grotte de papier ? En quatre ans d'encerclement forcé, Bachar al Assad s'est acharné à défigurer la ville. Mais je me dis que, quoi qu'il advienne, ces jeunes héros syriens ont une histoire impérissable à partager. Face aux destructions infligées par les bombes, ils n'ont pas seulement sauvé des livres. Ils ont bâti des mots. Erigé des syntaxes. Jour et nuit, ils n'ont jamais cessé de croire en la vertu de la parole. A son invincibilité. Ils ont rompu le silence, relancé le récit. Construit un langage de paix. Avec leurs ouvrages, leurs slogans, leurs revues, leurs graffitis et leurs créations littéraires, ils ont résisté jusqu'au bout à la métrique militaire, inventé une autre cadence que celle des coups de canon.
Face aux bombes, la bibliothèque est leur forteresse dérobée. Les livres, leurs armes d'instruction massive.
Avant l'inauguration restait une dernière tâche à remplir : numéroter minutieusement chaque recueil et y apposer le nom de son propriétaire sur la première page. (...) Notre but, c'est que chacun puisse récupérer ce qui lui appartient une fois la guerre terminée, insiste Ahmad.
A ses mots, j'ai posé mon crayon. Impressionnée par son civisme. Muette devant un tel sens du respect de l'autre.
Des autres. Nuit et jour, ces jeunes côtoient la mort. La plupart d'entre eux ont tout perdu : leur demeure, leurs amis, leurs parents.
Au milieu du fracas, ils s'accrochent aux livres comme on s'accroche à la vie. Avec l'espoir des meilleurs lendemains. Portés par leur soif de culture, ils sont les discrets artisans d'un idéal démocratique. Un idéal en gestation, qui brave la tyrannie du régime. (p.19)
Face aux bombes, la bibliothèque est leur forteresse dérobée. Les livres, leurs armes d’instruction massive.