Je viens de traverser une période où tout m’a claqué dans les doigts, comme ces ballons d’enfants qui s’évanouissent en une seconde lorsqu’on n’a pas su les manier. Tout ce que j’aimais m’a été brusquement ôté : ma patrie, le cadre de mon enfance, mon premier amour et même la grande amitié de mon frère qui semble ne pas souffrir de notre séparation. A présent, je remonte la pente, mais laissez-moi le temps de reprendre ma gaieté, mon dynamisme et ma raison…
Chacun a ses soucis, n’est-ce pas ? Tu recherches le bonheur en hésitant entre deux belles, tandis que mes efforts tendent à ne plus penser à l’homme qui ne m’aime pas et à me débarrasser du malappris des Shetland qui m’aime trop…
L’ivrognerie fut longtemps le grand fléau des Ecossais. Mais peu à peu, le whisky étant devenu très onéreux, cette funeste passion tend à disparaître.
Ils s’étaient rencontrés sur la route et ils continuèrent à marcher en silence. Depuis quelque temps, Jacques se sentait attiré par la ravissante Ecossaise et Mary se disait qu’elle ne trouvait rien de plus agréable que de se promener en la compagnie du jeune Normand.
Etait-ce déjà de l’amour ou simplement cette franche amitié qui fait qu’on se plaît à être ensemble, lorsque les intelligences se confondent et que les goûts s’harmonisent ?
J’aime les jeunes qui ne font pas fi du passé. Il y a tant d’enseignements à puiser chez ceux qui nous ont précédés ! N’oubliez pas que le système des « clans » a joué autrefois un rôle considérable en Ecosse. Chacun d’eux réunissait les familles issues du même ancêtre qui, toutes, étaient solidaires. Mais la rivalité et la haine se glissèrent peu à peu entre ces familles et elles en vinrent à se livrer une guerre farouche.
Il n’est pas rare de voir un jeune lord prendre femme sans qu’il ait pu la choisir selon son cœur.
Ne compte pas sur moi pour approuver ce genre de mariage, petite mère. Je préférerais coiffer Sainte-Catherine, plutôt que passer ma vie aux côtés d’un homme médiocrement épris de ma personne, fut-il pourvu d’un château historique et bardé, jusqu’aux cheveux, de titres de noblesse… En somme, que fait-on de l’amour dans ton austère pays ? A-t-on peur de voir s’enflammer les garçons et les filles pour qu’on accorde la priorité aux vieilles pierres et aux blasons ?
Il possède un don extraordinaire pour les attirer par de douces paroles et il capture délicatement, à la main, ceux dont le plumage est le plus attrayant.
Je le trouve charmant, mais c’est tout. On ne peut pas appeler cela de l’amour. Mais, en ce qui te concerne, inutile de nier que, chaque fois que tu reviens de Paris, on voit le lendemain ta bien-aimée surgir à la maison. Tu la couves des yeux et tu trouves tout ce qu’elle dit et ce qu’elle fait admirable.